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LE RESTE EST SILENCE…

du monsieur, en lui parlant à voix basse. Il gardait cette main dans la sienne, avec autant de soin que si c’eût été un éventail ou un médaillon, qu’il eût craint de laisser tomber.

— Allons ! au revoir ! lui dit-elle.

Il eut un demi-sourire navré, et il s’en alla. Il ne jeta pas les yeux sur moi, ne me dit rien et s’assit sur un autre banc où il reprit sa monotone occupation, pour laquelle je supposais que l’administration des jardins devait lui offrir de jolis appointements.

Dès que nous fûmes un peu loin, je demandai :

— Qu’est-ce que c’est que ce monsieur ?

— Oh ! un ami de madame de Thieulles que j’ai rencontré quelquefois chez elle… Il est très gentil…

Elle hésita un moment, puis ajouta :

— Écoute, si papa nous demande ce que nous avons fait, ne lui dis pas que nous avons rencontré quelqu’un.

— Ah !… Pourquoi ?

— Mais tu sais combien il a le caractère