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LE RESTE EST SILENCE…

te chercher. Tu ne t’es pas trop ennuyé, là-bas ?

Elle me prit par la taille et me serra contre elle, d’un geste doux.

— Dis, tu m’aimes bien, toi…

Mais je lui en voulais maintenant de s’être débarrassé de moi, je lui gardais rancune des mauvais instants que la solitude et ma timidité m’avaient coûtés, — et aussi de je ne sais quelle souffrance mystérieuse, tenace, dont je la rendais obscurément responsable et qui me fermait le cœur.

Maman insista :

— Dis, qui aimes-tu mieux, papa ou moi ?…

Elle se croyait bien sûre de la réponse pour tenter une telle expérience publique !

Mais on ne pose pas une question pareille à un garçon de mon âge et de mon importance. Où maman avait-elle la tête ? Il me vint un désir méchant de prendre aussitôt ma revanche, et je dis nettement :

— Papa, bien sûr…

Ma mère me repoussa, d’un geste brusque, et je crus voir, — non, je vis, ses pau-