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LE RESTE EST SILENCE…

J’en fus extrêmement offusqué, ayant l’impression d’un manquement aux usages, qui blessait de façon pénible mon chatouilleux amour-propre.

Cependant, le monsieur parlait :

— Oui, il a vos yeux, vos yeux ambigus et dangereux…

Il baissa brusquement de ton et je perdis la fin de la phrase, bien que j’écoutasse de toutes mes forces concentrées.

D’un geste négligent, du bout de sa canne à tête d’aigle, il traçait dans le sable de l’allée des signes sans doute cabalistiques, dont le sens m’échappait. Car je ne doutais point que ce Monsieur d’allure mystérieuse ne s’exprimât aussi par ces hiéroglyphes dont je suivais les contours imprévus. Il dit encore :

— Ne vous asseyez-vous pas un moment avec moi ?

Je trouvai la proposition insolente et inopportune ; maman point. Je m’attendais à une protestation de sa part ; nullement. Elle s’installa à côté de lui, sur le banc. Mais le plus ahurissant encore, ce