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L’ÉCOLE DES MARIAGES

Une de ses prétentions était de paraître mieux renseignée que n’importe qui des mille détails d’une histoire. Elle assura donc, avec un air important et discret de diplomate initié aux secrets d’État :

— Jamais.

Jamais ! En voilà une idée ! s’écria Mme Féline. Et pourquoi ?

— Parce que M. Diamanty a perdu sa femme après quatorze mois de mariage, répliqua Isaure, en montrant sa tête mutine et curieuse entre les pieds de la table sous laquelle elle pourchassait un feuillet fugitif. Et comme elle est morte phtisique, qu’elle s’était mariée à vingt ans et qu’Edmée n’a pas beaucoup de santé, il ne voudra jamais que sa fille convole avant d’avoir vingt-cinq ou trente ans… Et je doute que Delville attende jusque-là.

— Comment le sais-tu, petite fouine ? grommela Roger.

— Ah ! voilà ! répondit Isaure qui se relevait, sa récolte de papiers finie. Et son sourire indiqua nettement sa satisfaction d’étaler des documents mystérieux et que l’on supposait découverts par elle à travers un grand nombre d’intrigues et de difficultés.

Sur ce, Mme Féline, qui se penchait vers la vitre pour surveiller sa fille, s’écria :

— Les voici… Ils sont tous les deux ensemble. Tu avais raison, Isaure… C’est extraordinaire !

Isaure laissa précipitamment ses cahiers de musique et courut voir entrer les jeunes gens, dont l’intrigue révolutionnait tous les assidus de la coterie qui se réunissait autour des Malval.

Le bruit d’une sonnerie électrique traversa les corridors et fit retentir un lointain écho, enfermé sans