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EDMOND JALOUX

Le même sourire rapide de complicité discrète et silencieuse effleura les lèvres de Mme Malval et de {{Mme|Gimpel}. Elles revinrent vers la villa. Mme Malval traînait avec une majesté lente une lourde robe noire, qui roulait des feuilles dans son sillage odorant. Sous sa jupe beige un peu relevée, {{Mme|Gimpel} exhibait des chevilles aussi minces que celles d’une fillette…

Devant le perron, Mme Féline, Edmée, Isaure et Mlle de Norfalk formaient un groupe autour d’une énorme nourrice, et toutes, elles regardaient le dernier-né de Mme Féline avec cette admiration extasiée et ces petits cris des femmes devant qui on expose un bébé, quelque informe qu’il soit.

À ce moment, un groupe de visiteurs sonnait à la grille, toute une délégation de la société, qui se réunissait le jeudi chez Mme Malval. Deux jeunes gens, Georges Sunhary et Léonard Mittre, escortaient une vieille dame, outrageusement fardée, Mme Laxague, sa fille Claire, et une de leurs amies, Mlle Jeanne Ardilouze. Il y eut une nouvelle explosion de petits cris, puis des poignées de main, des embrassades, des questions sans réponse et des réponses qui ne correspondaient point aux questions posées.

Puis, comme le temps fraîchissait, on remonta vers la villa pour prendre le thé. Les femmes rivalisèrent de politesse, aucune d’elles ne voulant entrer la première, les hommes rivalisèrent de grossièreté, personne ne se décidant à céder le pas à autrui.

On se retrouva dans la salle à manger, meublée avec ce luxe lourd qui fut à la mode au milieu du dix-neuvième siècle. Des rideaux rouges laissaient