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latine, italienne, espagnole, portugaise et catalane, que nous ont fait connaître les auteurs de l'antiquité, les récits et les documents du Moyen âge.

Nous ne pouvions nous arrêter là. Notre but étant désormais de faire, en quelque sorte, une Histoire de la langue maritime – nous dirons tout à l'heure quelle utilité nous paraît avoir une pareille étude – les nomenclatures islandaise, groënlandaise, anglo-saxonne, anglaise, allemande, hollandaise, danoise et suédoise, allaient naturellement prendre place dans ce répertoire, qui devait s'enrichir des nomenclatures grecque moderne, turque, russe, illyrienne, dalmate et valaque.

Le dialecte génois ne devait pas plus être négligé que le vénitien, le provençal, le napolitain, le bas-breton, le corse, le languedocien et le basque. La langue des marins maltais et celle des riverains de la côte nord de l'Afrique, où l'arabe se mêle à l'italien et à l'espagnol, avaient aussi une place obligée dans un recueil comme celui-ci.

Les mers des Indes, de la Chine et de la Polynésie sont sillonnées par des navires dont les matelots ont des termes fort différents de ceux qu'emploient les marins de l'Europe : ne devions-nous pas, pour compléter le tableau curieux des locutions singulièrement poétiques, familières aux navigateurs de toutes les parties du monde, recueillir la nomenclature malaie, la nomenclature malgache, celle des différentes terres et îles polynésiennes, celle des Chinois, et même cette nomenclature convenue entre les Européens qui commercent dans l'Inde et les matelots du pays? idiome hindo-anglo-portugais, que, faute d'une désignation meilleure, nous appellerons la langue lascare, du nom donné aux matelots qui la parlent.

Ainsi, le Glossaire nautique, comme nous le concevions, devait être à la fois un Glossaire des termes de l'antiquité maritime grecque et romaine, un Glossaire des termes de toutes les marines du Moyen âge, et un Dictionnaire des mots de métier en usage dans toutes les marines modernes.

Le projet de cette vaste collection plut au savant amiral Roussin, qui, après l'avoir fait examiner en 1840, nous ordonna de le réaliser [5]

Nous avions supposé d'abord – on ne mesure jamais bien l'étendue de pareilles entreprises! – que cinq années d'un travail constant nous suffiraient pour mener à fin une tâche qui n'était pas sans difficultés réelles, et qui demandait, avec une patience à toute épreuve pour la recherche et la comparaison des textes, une activité incessante et une grande ardeur de volonté. Quatre ans écoulés, nous nous aperçûmes que nous étions bien loin encore du terme qu'il nous fallait atteindre.

Nous priâmes alors le ministre de vouloir bien nous donner un collaborateur que nous lui désignions. Il jugea qu'en effet un tel auxiliaire nous était indispensable, et il eut la bonté de nous le promettre; mais, après sept ou huit mois d'attente, on nous le refusa, parce qu'on ne pouvait ajouter à la dépense votée par les chambres pour l'exécution du Glossaire nautique.

Nous ne nous décourageâmes point; nous redoublâmes, au contraire, de zèle et d'efforts, comptant qu'au