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Voici le second des trois ouvrages que, sur notre proposition, nous eûmes le devoir d'entreprendre, lorsque, le 1er juillet 1831, M. le vice-amiral de Rigny nous eut fait l'honneur de nous appeler à partager les travaux de la Section historique, établie au Dépôt de la marine.

Ces trois ouvrages [1], qui, s'ils étaient véritablement bons, seraient d'une utilité incontestable, et honoreraient probablement leur auteur aux yeux des marins instruits et des savants que touchent les choses de la marine, composent, dans notre pensée, un ensemble d'études d'un intérêt auquel on ne saurait contester ni la nouveauté ni l'à-propos.

La marine, on le sait, a des origines obscures.

D'illustres critiques, au seizième siècle et au dix-septième, essayèrent de les éclaircir. Mais, soit qu'ils manquassent des notions pratiques, sans lesquelles il est malaisé de trouver la solution de certaines difficultés; soit qu'en effet – et c'est une vérité manifeste pour nous, après plus de vingt-cinq années d'efforts – soit qu'en effet plusieurs de ces difficultés doivent rester insolubles tant que le hasard n'aura pas produit, pour éclairer la discussion, quelque texte précis, échappé jusqu'alors aux investigations patientes des hommes les plus zélés et les plus sagaces; les choses, au moins en ce qui touche la question si controversée de la construction navale chez les anciens, en sont aujourd'hui au point où les avaient trouvées Lazare Baïf, Scaliger, Saumaise, Godescalc, Stewech, J. Scheffer, le docteur Marc Maibom, et tous ceux qui ont marché à leur suite, adoptant ou contestant leurs hypothèses, ingénieuses souvent, mais, il faut le dire, toujours mal fondées.

De ce que l'organisation des rames, dans les trirèmes et les autres navires de cette famille célèbre et inconnue, est un mystère peut-être à jamais impénétrable, s'ensuit-il qu'il faille se décourager, et ne pas chercher à résoudre les autres questions relatives à la marine de l'antiquité?

Nous ne l'avons pas cru.

Il nous a semblé qu'il était nécessaire de connaître, de cette marine, tout ce qui peut en être connu : la mâture, la voilure, la manœuvre, la tactique militaire, la navigation, les armements, la loi.

Le moyen d'y parvenir, c'est de reprendre dans les historiens et les poètes tous les passages relatifs aux faits maritimes, et de les soumettre à un nouvel examen, afin de leur donner un sens qui les mette d'accord avec la pratique; but important qui n'a guère préoccupé les traducteurs, les auteurs de dictionnaires, et même les savants qui se sont le plus spécialement attachés à cette branche de l'érudition, dont la marine antique est le sujet.

Autant que nous l'avons pu, nous avons fait ce travail; et nous osons espérer que, pour toutes les personnes qui prendront la peine de comparer les résultats auxquels nous sommes parvenus, avec ceux dont se sont contentés les érudits, étrangers à des connaissances que, par fortune, notre première éducation nous a données [2], il sera démontré que cette étude était indispensable.

Si, comme les faits le prouvent, et comme on en verra de fréquents témoignages dans ce Glossaire, la marine moderne, un peu trop fière de sa perfection et trop dédaigneuse de son passé, continue, à