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comme les dictionnaires ordinaires, pour donner seulement des mots et l'explication des choses nommées par eux, pourra offrir une lecture variée et peut-être assez intéressante.

Il n'est pas besoin que nous disions pourquoi nous n'avons pas présenté, en regard des textes allégués, des traductions qui les eussent fait comprendre à tout le monde : notre tâche était déjà immense, et nous aurions doublé l'étendue de notre livre. Nous nous sommes contenté de traduire ou d'expliquer, par quelques mots placés entre parenthèses, les choses d'une intelligence difficile pour toutes les classes de lecteurs. Parmi ces explications, il en est dont les marins auraient pu se passer; mais elles étaient indispensables aux érudits qui n'ont pas la connaissance des faits de la marine: réciproquement, il en est d'inutiles aux savants, que les marins auraient regretté sans doute de ne pas trouver dans ce Glossaire.

Le classement des articles offrait plus d'une difficulté, on le comprendra.

Quel ordre devions-nous suivre?

Fallait-il faire autant de divisions, c'est-à-dire, autant de dictionnaires qu'il y a de langues?

Fallait-il, au contraire, faire rentrer tous les mots, sans acception d'idiomes, dans une seule série alphabétique ?

Le mode de division par langue est incommode. Henri Neumann l'adopta, et ce fut sans un grand inconvénient, bien qu'il faille une clef pour se reconnaître dans ses six nomenclatures assez courtes. L'index du dictionnaire de Röding procède par langues, et contient huit vocabulaires sous une seule couverture; les recherches y sont assez longues. Si nos libraires ont pu faire peindre de cinq couleurs différentes la tranche des cinq codes qu'ils réunissent dans un seul volume, on n'a pu indiquer par huit couleurs les huit vocabulaires de Röding. Ce qui était impossible pour le dictionnaire de Röding, comment aurait-il été possible pour un répertoire qui contient des mots de plus de trente langues ou dialectes?

L'ordre alphabétique, dans une série unique, nous a donc paru devoir être préféré à toute autre combinaison. Cet ordre est clair, naturel; il offre d'ailleurs cet avantage, qu'il groupe les articles relatifs à certains mots appartenant aux langues congénères, et présentant le même sens ou des sens analogues. Ce rapprochement n'est pas sans intérêt.

Mais l'ordre alphabétique, quelque simple qu'il soit au premier coup d'œil, ne nous laissait pas sans embarras.

Les alphabets grec, russe, valaque, islandais, ne suivent pas la marche de l'alphabet latin; ils ont des lettres qui manquent à celui-ci. L'alphabet anglo-saxon, que Bosworth a rapporté tout à fait au latin – et en cela nous avons suivi plutôt Bosworth que Webster, parce que nous avons cru bon de ne pas multiplier les caractères d'une lecture difficile – l'alphabet anglo-saxon a les lettres þ et Ð qui se rejettent après le Z latin. L'alphabet islandais a la lettre þ et la lettre Æ qui occupent le même rang. Le danois a une lettre : ou õ, qui prend place aussi après le Z; il en est de même des lettres suédoises , Ä, , õ.

Que faire de ces caractères, et où les ranger?

Voici le parti auquel, après bien des hésitations, nous nous sommes arrêté :

Pour la lettre A de tous les caractères, elle prend naturellement la tête de l'alphabet général.

Vient ensuite le

B de tous les alphabets qui procèdent de l'alphabet latin, et leur analogue le

ü russe et valaque. Le