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à nous repentir d’y avoir maintenu cette nomenclature chinoise, quelque imparfaite qu’elle puisse être.

On trouvera un assez grand nombre de mots hongrois et polonais dans les colonnes de ce répertoire de termes de marine. Si l’on nous demandait comment la Pologne et la Hongrie, n’ayant pas de vaisseaux, peuvent avoir un vocabulaire nautique, nous répondrions : « Si elles n’ont pas de mers, la Hongrie et la Pologne — celle-ci eut longtemps un port dans la Baltique, mais nous ne nous autorisons pas de cette circonstance — la Hongrie et la Pologne ont de vastes fleuves, et nous ne nous sommes pas interdit ce qui regarde la navigation fluviale ; elles ont en outre une littérature qui n’exclut pas la mer de son domaine poétique. Notre Glossaire, fait pour les marins et les érudits, est fait aussi pour les gens de lettres ; et il nous a semblé que nous ne devions pas de notre plan, qui, en définitive, par son côté philologique, appelle toutes les langues, rejeter les mots qui, dans les historiens et les poëtes polonais et hongrois, se rapportent aux choses de la navigation.

Peut-être qu’en ouvrant ce volume on sera frappé du grand nombre de renvois indiqués à la fin de la plupart des articles ; ces renvois n’ont pas un intérêt égal, mais tous concourent au but que nous nous sommes proposé. Pour les justifier, qu’il nous soit permis de citer un exemple. Nous demandons pardon au lecteur si nous le faisons descendre à de si petits détails ; mais nous lui devons l’histoire tout entière de notre travail. Prenons donc au hasard. Voici le mot Antenna qui tombe sous notre plume.

Antenna est un mot latin, adopté par les marins de toute l’Italie, de la Catalogne, du Portugal et de l’Espagne ; l’article qui traite de ce mot, après avoir cité des textes latins et vénitiens, renvoie aux mots Albore, Anlemna, Antena, Botta di mare, Entena, Far il carro, Fiamma, Galeacea, Gionco, Helena, Lampazza, Matafione, Mattone, Orza d’avanti, Tarida et Vellonum.

Si l’on se reporte à tous ces articles, on reconnaît d’abord trois variantes orthographiques du mot Antenna ; on trouve ensuite plusieurs exemples de l’emploi de ce mot ; enfin, on a des textes qui complètent les notions que l’on a pu acquérir sur l’Antenne, en lisant l’article Antenne, après avoir lu l’article Antenna. Ainsi, à l’article Albore, on apprend qu’au seizième siècle les Vénitiens faisaient grosses et lourdes les antennes de leurs galères, et que ce défaut leur était signalé par Christophe Canale, provéditeur de leur flotte, chargé par le sénat d’une inspection générale, de laquelle pourraient sortir d’utiles améliorations. A : Far il caro est décrit une des manœuvres importantes des antennes. L’article Gionco fait connaître le nom de la drisse qui hissait l’antenne au mât de l’avant des galères italiennes, comme les articles Mattone et Orza d’avanti disent les noms des cordages qui servaient à manœuvrer la grande antenne. On voit, au mot Helena, le feu Saint-Elme se poser sur l’extrémité des antennes, et au mot Galeacea, une mention des Gagliardi de Venise, jeunes matelots qui, pendant la tempête comme dans le calme le plus profond, montaient aux sommets des antennes avec une vivacité qui aurait « défié celle des singes, » avec un sang froid dont « seraient fiers les plus habiles funambules. »

Nous ne pousserons pas plus loin cette analyse ; ce que nous venons de dire suffira pour faire comprendre le motif qui nous a porté à multiplier systématiquement les renvois. N’ajoutons qu’un mot. Presque tous les articles auxquels on aura recouru ayant eux-mêmes des indications de renvois, on passera sans effort d’un sujet à un autre, et il arrivera qu’un livre qui semblait être fait,