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impitoyablement. Ouvrez l'Académie ou la Crusca, cherchez-y ce que vous trouverez à toutes les pages du Thrésor de la langue Françoise par Nicot, du Thrésor des deux langues espagnolle et Françoise par César et Ant. Oudin (1660), du Dictionnaire italien et François par Nathaniel Duez (1674), du Dictionnaire portugais par Raphaël Bluteau ou par Moraës de Silva, et vous serez heureux si le hasard vous fait découvrir, caché, défiguré et comme oublié dans un coin, un des termes qui jadis avaient droit de cité dans tous les vocabulaires, dictionnaires ou trésors des langues vulgaires. Si nous avons recherché les vieux dictionnaires des langues, avec quelle plus grande raison n'avons-nous pas dû rechercher les anciens dictionnaires de marine! Ceux-là sont malheureusement rares. Nous n'avons pu en avoir à notre disposition qu'un bien petit nombre. Nous avons consulté souvent :

1° le Vocabolario nautico, imprimé en 1614 à Rome, à la suite de l'Armata navale, curieux traité composé par un capitaine des galères de Sa Sainteté, Pantero-Pantera, que nous croyons aussi l'auteur du Vocabolario;

2° un petit traité sur les galères, intitulé De la construction d'vne gallaire et de son équipage, par J. Hobier, conseiller du roy, thrésorier général de la marine du Leuant (Paris, 1622, in-8°);

3° le chapitre Marine, compris dans l'Essai des merveilles de nature, par le père René François, prédicateur du roy (Louis XIII); espèce d'encyclopédie qui eut un grand succès, et dont l'édition que nous avons eue sous les yeux fut donnée à Rouen en 1629;

4° l'Inventaire des mots dont on vse à la mer, catalogue très-incomplet de termes de marine, placé à la tête de son Hydrographie par le père Fournier (Paris, 1643 et 1667);

5° l'Explication des termes employés dans l'ordonnance, par Étienne Cleirac (1634);

6° la troisième partie (Art de la navigation) des Arts de l'homme d'épée, ou Dictionnaire du gentilhomme, par Guillet; encyclopédie militaire, dont la seconde édition est de 1683, et la première de 1678;

7° le Dictionnaire des termes propres de marine, par Desroches, officier des vaisseaux du roy

8° et enfin le Dictionaire (sic) de marine, par Aubin (Amsterdam, 1702), reproduction de Guillet et de Desroches , avec de nombreuses additions.

Ces ouvrages sont loin d'être parfaits; ils contiennent de nombreuses erreurs, de mauvaises définitions, des orthographes vicieuses; mais, tels qu'ils sont, ils nous ont été pourtant d'une grande utilité.

Il est un dictionnaire moderne qui, dans toutes les marines du Nord, jouit d'une célébrité justement acquise : nous voulons parler du Dictionnaire des termes de marine, par Jean Hinrich Röding [17]. Cet ouvrage, très-développé, présente, à côté des mots techniques en langue allemande,les mots correspondants des vocabulaires hollandais, danois, suédois, anglais, français, italien, espagnol et portugais. Les explications, simples et fort bonnes en général, reportent quelquefois le lecteur aux temps de la marine antique, mais jamais, ou bien rarement du moins, à la marine du moyen âge. Les termes étrangers sont trop souvent donnés d'une manière inexacte; mais qui pourrait,