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de l'Inde, a eu la bonté de réunir les mots de la langue que parlent les matelots lascars. Ces mots, corrompus de l'hindoustani, du portugais, de l'anglais et du malais, nous leur avons conservé leur orthographe auriculaire, transmise par M. Campagnac. Le Dictionnaire hindoustani et anglais du capitaine Joseph Taylor, revu par W. Hunter (1808), et le Parallèle des langues de l'Europe et de l'Inde par M. F. G. Eichhoff (1836), nous ont servi à trouver les véritables significations et parfois les étymologies de quelques-uns de ces termes. Les dictionnaires malais de W. Marsden et d'Elout nous ont aidé à fixer la valeur de quelques autres. Notre travail sur le lascar a été complété avec l'Englisk and Hindoostanee naval dictionary du lieutenant Thomas Roebuck (1813). Grâce à cet ouvrage, nous avons contrôlé la nomenclature faite par M. Campagnac, et reconnu combien elle était exacte.

Un bas Breton de Saint-Matthieu, quartier-maître à bord de la frégate la Junon, en 1841, maître Ézou, a fait avec nous, à Toulon, une nomenclature en breton vulgaire, où le français se cache assez mal sous les désinences et l'orthographe bretonnes, pour se laisser deviner tout de suite. Nous avons opposé à ces mots bâtards les mots celto-bretons représentant les mêmes objets ou les mêmes idées. Ceux-là, nous les avons puisés dans les dictionnaires estimés de Legonidec et de M. le commandant L. Troude, que nous avons rapprochés de celui du père Grégoire de Rostrenen.

M. Duval, enseigne de vaisseau, embarqué en 1841 sur le Neptune, a bien voulu se donner la fatigue de recueillir pour nous tous les termes employés aujourd'hui par les marins basques. Nous avons pu comparer ces mots altérés avec ceux du basque littéral que nous présentait le Dictionnaire trilingue du père Larramendi, et faire ainsi une nomenclature basque assez curieuse.

Les dettes que notre reconnaissance a contractées sont nombreuses, comme on vient de le voir, et nous sommes heureux de pouvoir les payer publiquement. Si nous n'avons pas eu de collaborateurs immédiats, nous avons eu le bonheur d'intéresser au succès de notre livre quelques hommes que leur dévouement a transformés, malgré l'ennui d'un pareil labeur, en zélés collecteurs de textes et de mots. Un tel concours nous a été bien précieux, et nous ne saurions trop remercier ceux qui ont eu la générosité de nous l'accorder.

Un concours non moins bienveillant, et dont nous voulons ici proclamer l'efficacité, c'est celui que nous avons obtenu de MM. les conservateurs et employés des Bibliothèques de Paris. Sans eux, rien ne nous était possible; par eux, les difficultés se sont considérablement amoindries. Nous avons eu la bonne fortune de trouver là des savants qui ont pris goût à nos recherches, et se sont senti quelque estime pour une entreprise si obstinément poursuivie, pour un ouvrage étudié avec une conscience si scrupuleuse. L'amitié de quelques-uns d'entre eux s'est montrée infatigable; nous n'avons pu la lasser par la constance de nos importunités.

Ferons-nous la longue énumération des dictionnaires mis à contribution pour notre travail? Nous avons peur de fatiguer le lecteur.

Un mot cependant sur les dictionnaires. Nous avons consulté surtout les plus vieux, qui, à notre sens, sont les meilleurs. Ils gardent une foule de mots anciens, tombés en désuétude, remplacés par d'autres ou tout à fait oubliés, parce que les objets qu'ils nommaient ont été supprimés. Ces débris de la langue – une langue que nous nous efforçons à reconstruire de toutes pièces – ces débris, la délicatesse des dictionnaires modernes ne saurait les admettre; elle les rejette dédaigneusement,