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des marins, par l'intermédiaire d'un matelot italien; nous l'avons trouvé aussi dans le Dictionnaire turc de MM. Bianchi et Kieffer.

Un brig de guerre appartenant à la flotte russe était au Pirée pendant que nous fréquentions assidûment ce port. Il nous offrait l'occasion de faire une nomenclature navale russe; nous n'en profitâmes point, parce qu'à Paris notre ami M. Alexandre de Stackelberg avait eu la bonté d'en composer une à notre demande, et que nous devions nous fier beaucoup plus à ce qu'avait écrit cet officier de marine, qu'à ce que nous aurions recueilli nous-même au travers des difficultés d'une prononciation étrangère. La nomenclature de M. de Stackelberg, comparée à celles du capitaine Alex. Chichkoff [15] et d'Alex. Boutakoff [16], nous a donné un vocabulaire que nous avons lieu de croire exact. Nous avons fait, sur les mots employés par les marins russes, le travail d'analyse que nous avons essayé sur ceux de toutes les autres langues. Nous avons séparé ainsi, de l'élément slave, l'élément hollandais, qui suivit Pierre le Grand du chantier de Saardam à l'embouchure de la Neva. Le Dictionnaire russe-français de M. Philippe Reiff (1835), remarquable par d'excellentes indications philologiques, nous a été du plus grand secours pour tout ce qui est des origines slaves.

Un honorable négociant de Malte qui a commandé ses navires, M. Schembri, a bien voulu dresser pour nous le catalogue des mots techniques aujourd'hui en usage chez les navigateurs maltais. Nous n'avions pu lui en épargner la peine pendant deux journées, trop courtes, passées dans l'île des chevaliers marins. Sous les formes hybrides de ces termes, nous avons recherché curieusement l'italien pour le séparer de l'arabe, auquel il est soudé.

Cinq marins français ont concouru d'une manière efficace à notre œuvre. Ils sont du petit nombre de nos officiers, nous le disons en toute humilité et sans amertume, qui n'ont pas regardé comme téméraire ou comme singulièrement futile l'entreprise du Glossaire nautique. Nos pères l'ont dit il y a longtemps : «On est rarement prophète dans son pays.» Tous les hommes de mer étrangers que nous avons consultés ont accueilli, avec un empressement intelligent, l'annonce d'un travail que des savants de toute l'Europe nous font l'honneur d'attendre avec quelque impatience; et ç'a été un grand réconfort pour le pauvre travailleur, auquel les dégoûts n'ont d'ailleurs pas été épargnés dans cette longue et pénible carrière, au bout de laquelle le voilà enfin arrivé.

Notre camarade d'école de marine, M. le capitaine de vaisseau Aubry-Bailleul, que nous avons toujours trouvé empressé à nous seconder, a fait recueillir pour nous, par M. Gabert, une nomenclature corse; il a obligeamment complété lui-même des nomenclatures provençale et languedocienne, que nous avions commencées à Marseille et à Toulon.

Feu M. le capitaine de corvette Pouyer, dont la marine déplore la fin prématurée, recueillit de la bouche d'un raïs algérien tous les mots du dialecte arabe-italien-espagnol, familier aux marins de l'ancienne régence et de toute la côte septentrionale de l'Afrique. Il fixa soigneusement les prononciations de ces termes barbaresques avant de nous les adresser.

M. Campagnac, capitaine au long cours, qu'en 1841 nous eûmes l'honneur de connaître lieutenant à bord du paquebot-poste le Mentor, rappelant, au profit de notre Glossaire nautique, ses souvenirs