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conquête; mais les documents en langue vulgaire sur ces communications sont peu communs en France.

Les documents en langue latine ne manquent pas; la collection de Rymer et celles des historiens du Nord nous fournissent bien des mots de la basse latinité, bien des faits racontés en latin; à peine offrent ils quelques mots des dialectes marins du Nord. Les sagas, les lois maritimes publiées par le savant M. Pardessus [8], un petit nombre d'anciens titres anglais, deux ou trois historiens ou voyageurs, le Dictionnaire des gens de mer par le capitaine Henri Manwaring [9], et la Grammaire des hommes de mer par John Smith [10], nous ont offert les seuls articles que nous ayons pu consacrer à la vieille langue islandaise, à l'ancien dialecte marin de l'Angleterre.

Nous aurions pu devenir bien plus riche sous ce rapport; mais, pour faire des recherches profitables, il nous aurait fallu consacrer quatre ou cinq années à l'étude des langues du Nord; et puis nous aurions dû aller faire en Hollande, en Angleterre, en Suède, en Danemark et en Russie, ce que nous avons fait dans les principales bibliothèques de l'Italie, en 1834 et en 1841

Nous n'étions pas libre de vouloir : nous sommes pauvres, et le budget a des rigueurs nécessaires.

La part des langues du Nord, dans le Glossaire nautique, est donc petite; les mots de leurs vocabulaires ne manquent pas; mais, à côté de ces mots, après leurs étymologies et leurs explications, peu ou point d'exemples tirés d'anciens auteurs.

Le lecteur connaît maintenant le plan que nous nous étions tracé, et ce que nous avons fait pour l'histoire de la langue maritime; il jugera les résultats de notre travail, non interrompu depuis 1840, et commencé vers 1821. Si notre critique s'est trouvée en défaut plus souvent que nous n'aurions voulu, c'est notre sagacité et notre savoir qu'il devra accuser : ce ne saurait être notre persévérance à poursuivre la vérité.

On le remarquera peut-être : dans les solutions que nous proposons des difficultés qui se présentent à chaque pas sur notre route, nous affirmons peu. Les choses que nous affirmons sont, dans notre esprit, à l'état de croyances intimes et profondes. Il est des interprétations que nous présentons avec l'accent du doute; avec plus d'assurance qu'il ne nous convient d'en avoir, nous les aurions données d'un ton affirmatif. Cette réserve prudente nous a réussi déjà; les savants ont paru nous avoir su gré de nous être défendu, dans notre Archéologie navale, de la prétention dogmatique: nous espérons nous en trouver bien encore.

Il nous en coûte peu de dire que nous ne savons pas; il nous en coûte moins encore d'avouer que nous nous sommes trompé. Quand nous reconnaissons une erreur, nous la signalons nous-même, parce que nous ne craignons rien tant que d'égarer le lecteur, qui croit à ce que nous avons pu acquérir de pratique dans une étude où, par malheur, nous n'avons pas eu de maîtres. Certains documents que nous n'avions pu consulter quand nous avons écrit notre Archéologie navale, nous ont appris que nous avons mal interprété quelques termes; le Glossaire nautique donne les rectifications et les sens nouveaux.

A présent, nous devrions dire comment et où nous avons recueilli les nombreux matériaux nécessaires à l'exécution