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ISOLINE.

Je n’ai pas pu en trouver de plus petit ! Cher amour, dis bonjour à la dame !

ARTHUR.

J’veux pas.

ISOLINE.

Pourquoi ça, monsieur ?

ARTHUR.

J’ai mal au ventre.

COUPLETS.
I
–––––––––Ô ma, ma, maman,
–––––––J’ai bobo, j’ai de la peine !
–––––––––Ô ma, ma, maman,
–––––––C’est l’pain d’épic’ qui me gêne,
–––––––––J’ai mangé, j’ai croqué
–––––––Mon bonhomme tout entier !
–––––––––Ça l’aura contrarié,
–––––––––––Le méchant (bis).
–––––––––Ô ma, ma, maman !
–––––––A fait du, du mal à l’enfant.
–––––––––––Oui, oui, oui !
–––––––––––J’ai bobo ! (bis).
II
–––––––––Ô ma, ma, maman,
–––––––Un’ aut’ fois j’aime mieux des pommes,
–––––––––Ô ma, ma, maman.
–––––––N’en mange pas, toi, des bonhommes !
–––––––––L’mien m’a fait du bobo
–––––––De s’êtr’ vu, lui si beau,
–––––––––Croqué jusqu’au chapeau !
–––––––––––Je l’aimais, (bis).
–––––––––Ô ma, ma, maman,
–––––––J’en veux plus manger jamais,
–––––––––––Non, non, non,
–––––––––––J’ai bobo ! (bis).
ISOLINE.

C’est le régime qu’il nous fait subir, le tigre ; depuis dix-huit mois nous ne mangeons que des pruneaux et du pain d’épice… le lâche.

GENEVIÈVE.

Ô pauvre enfant !

ARTHUR.

Je veux m’en aller…

ISOLINE.

À une condition, monsieur, c’est que vous direz votre fable à la dame.

ARTHUR.

Je veux un sou !

ISOLINE.

Tu l’auras.

ARTHUR.
LE LOUP ET L’AGNEAU
FABLE
––« La raison du plus fort est toujours la meilleure.
––––––Nous l’allons montrer tout à l’heure.
––––Maître Renard, sur un arbre perché,
––––––Tenait dans son bec un fromage.
––Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage,
––––––Dit cet animal plein de rage,
––––Tu seras châtié de ta témérité.
–––––––––Sire, répond l’agneau,
–––––––––Si votre plumage
–––––––Ressemble à votre fromage,
––Vous êtes le félix des autres de ces bois.
––––––Vous chantiez, dansez, maintenant.

(Il tire la langue à Geneviève. Isoline le bat.)

La raison du plus fort est toujours la meilleure.

ISOLINE.

Assez ! (À Geneviève.) Le jour de la vengeance approche… Golo ignore que ces rochers sont machinés… il a cru nous ensevelir à tout jamais moi… mon… son… notre enfant !… mais grâce à tous les déguisements que j’ai pris, je me suis fais des partisans, des amis, et ces amis sont les tiens… regarde ! (Elle pousse un ressort. Le rocher du fond s’ouvre entièrement ; autour d’une table, richement servie on voit les seigneurs de Rosenkrack, les femmes de Géneviève, Isoline, son fils et le poëte Narcisse.)

TOUS.

Vive Geneviève !


Scène V.

CHŒUR.
––––––C’est Geneviève ; amusons-nous,
––––––Soyons plus gais, soyons plus fous !
–––––––Pour honorer sa présence,
–––––––Chers amis, dépouillons-nous ;
–––––––Éclairons son innocence,
–––––––Et contentons ses goûts.
IDA, lui offrant des bonbons.
––––––Prends ces bonbons ! si, comme moi,
–––––––Tu les aimes ! ils sont à toi !
BLONDETTE, lui offre un verre de champagne.
––––––Bois ce verre ! autant que l’amour,
––––––Le champagne enivre à son tour.
GISELLE, lui offre un cigare.
––––––Prends ce cigare ! et fume un peu ;
––––––Imite-moi, voici du feu !
ENSEMBLE.
–––––––––––Il est sage
–––––––––––De saisir
–––––––––––Au passage
–––––––––––Le plaisir !
ISOLINE, s’avance et les sépare.
––––––––N’avez-vous pas fini ?
––––Assez de fleurs, de bonbons, de cigares !
––––––Le seul présent à faire ici
–––––––––Pour chasser l’ennui…
––––––––––Ce sont des cartes !
TOUS.
––––––––––Ce sont des cartes !