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ôter son habit, puis tout à coup il se retourne vers la cour, et s’écrie :) Est-ce que vous n’allez pas bientôt me laisser en repos ? vous voyez bien que j’ai à causer avec ma femme…

CHŒUR.
LES SAVANTS.
––––––Éloignons-nous, mais sur ces lieux
––––––De loin ayons toujours les yeux.
ÉGLANTINE et LES JEUNES FILLES.
––––––Éloignons-nous… est-ce ennuyeux !
––––––Nous étions si bien en ces lieux !
LA COUR.
––––––Éloignons-nous, fermons les yeux,
––––––Et laissons-les seuls en ces lieux.

(Tout le monde sort de droite et de gauche.)


Scène XI.

SIFROID, GENEVIEVE.
DUO.
SIFROID.
––Ô toi, reste mon ange ! oui, demeure ma biche !
GENEVIÈVE.
––––––––Mais le qu’en dira-t-on ?
SIFROID.
––––––––Ah ! pour ça, je m’en fiche !
––––––À l’ombre d’un épais feuillage,
––––––Au milieu de ces bois discrets,
––––––L’amour nous guette et nous engage
––––––À nous confier nos petits secrets !
––––––Sur ce gazon dont l’herbe est douce,
––––––Ne crains pas de poser l’orteil.
––––––Viens, nous glisserons sur la mousse,
––––––À l’abri des coups de soleil.
GENEVIÈVE.
––––––Il m’aime !… Je n’ose y croire !
SIFROID, à part.
–––––Ah ! cré coquin ! qu’est-ce qu’ils m’ont fait boire !
––––––––Ton œillade assassine
––––––Me cuit, une roussit, me calcine !
–––––––––––Ma charmante !…

Scène XII.

Les Mêmes, GOLO, paraissant à gauche, à part.
–––––––––––Ô amour ! (bis.)
–––––––Fais que je leur joue un bon tour.
ENSEMBLE.
SIFROID.
––––––––Est-ce une nouvelle vie
––––––––Ou l’effet du printemps,
––––––––Qui me gratte… gratifie
––––––––D’une ardeur comme à vingt ans !
GENEVIÈVE.
––––––––C’est l’amour qui l’inspire,
––––––––Ô surprise ! ô bonheur !
––––––––Il cède à son empire
––––––––Et m’offre enfin son cœur !
GOLO, à part.
––––––––Je me rêve et n’aspire
––––––––Qu’à troubler leur bonheur !
––––––––Que l’amour qui m’inspire
––––––––Reste au fond de mon cœur.
SIFROID, parlant et voulant entraîner Geneviève.

Viens, Geneviève !

GOLO, remettant une lettre à Sifroid et lui barrant le passage.
––––––De la part de Charles Martel.
SIFROID.
––––––––––Charles Martel !…

(Il descend la scène avec gravité.)

––––––––Oui, c’est son écriture !
GOLO.

En avant le sternutatoire. (Il tire la boite à poudre de sa poche et poudre par derrière la perruque de Sifroid.)

GENEVIÈVE.
––––––Charmant puissant de la nature !
––––––––Son cœur s’ouvre à l’amour,
––––––Et le mien soupire à son tour.
SIFROID.
––––––Il arrive !… C’est bon, merci !
––––––––File à présent, va-t’en d’ici.
GOLO.
––––––––Mais, seigneur !…
SIFROID.
––––––––Mais, seigneur !… Es-tu bête !
GOLO.
––Charles Martel !
SIFROID.
––Charles Martel ! Si tu me mets martel en tête,
–––––––Je ne réponds pas de moi !
––––––Va, je t’en prie, éloigne-toi ;
––––––Laisse-nous seuls ; oui, laisse-moi !
GOLO, sortant, côté gauche, à part.

Ma vengeance n’est pas loin.


Scène XIII.

SIFROID, GENEVIÈVE.
SIFROID.
––––Il est parti !… Viens profiter, ma belle,
––––De l’abri qu’o…

(Il éternue.)

––––De l’abri qu’o… Qu’offre ce frais bosquet,
––––Et suis ton é…

(Il éternue.)

––––Et suis ton é… Ton époux qui t’appelle ;
––––Vois quel homme ar…

(Il éternue.)

––––Vois quel homme ar… Quel homme ardent il fait
–––––––Allons, voilà du nouveau,
––––––Je suis enrhumé du cerveau.
––––Ça n’y fait rien, soyons galant quand même !
––––Ange !

(Il éternue.)