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DEUXIÈME TABLEAU
Les Jardins du palais.

Un ravissant jardin plein de fleurs et de lumières. À partir du deuxième plan, un petit lac entouré de roseaux et de plantes aquatiques. À droite, grands platanes jetant sur le tout une ombre mystérieuse. À gauche, en deçà du lac, un banc de gazon.



Scène VI.

GENEVIEVE, ÉGLANTINE, BLONDETTE, HERMANCE, IRMA, EDVIGE, PAQUERETTE, GILDA, IDA, Compagnes de Geneviève.
CHŒUR DE JEUNES FILLES.
––––––––À l’ombre des charmilles,
––––––––Dans ce lac argenté,
––––––––Livrons-nous, jeunes filles,
––––––––Au plaisir de l’été.
––––––––À l’eau, viens avec nous
––––––Sous nos pieds nus le sable est doux.
––––––––––Viens avec nous.

Geneviève et Églantine viennent en scène. Geneviève s’assied sur le banc de gazon. Églantine est debout à son côté.)

ÉGLANTINE.
––––––Astre charmant, de tes étoiles
––––––Conduis les jeux et la gaîté ;
––––––Laisse à tes pieds tomber ces voiles,
––––––Et montre-toi dans ta beauté.

(Les jeunes filles viennent sur la scène et entourent Geneviève.)

CHŒUR.
––––––––À l’ombre des charmilles, etc.
GENEVIÈVE, bâillant.

Mon Dieu !… que je m’ennuie !

ÉGLANTINE.

Mais, enfin, le seigneur Sifroid, ton époux ?

GENEVIÈVE.

Lui !… Depuis deux ans que nous sommes mariés, il vit de son côté, moi du miens. La chasse est tout ce qu’il aime… (Baillant.) Mon Dieu ! que je m’ennuie !

ÉGLANTINE.

Ah ! si je voulais ramener le sourire sur tes lèvres, je n’aurais qu’un mot à dire…

GENEVIÈVE.

Dis-le !

ÉGLANTINE.

Reynold ?

GENEVIÈVE, tristement.

Reynold.

ÉGLANTINE.

Eh quoi !… encore plus triste ?… Et les beaux jours d’autrefois passés à la cour de ton père !

GENEVIÈVE.

Passés !

ÉGLANTINE.

Ma foi ! je ne sais plus que lui dire… (À ses compagnes.) À votre tour, tâchez de chasser sa tristesse.

BLONDETTE.

Veux-tu que je te raconte l’histoire d’un vieillard amoureux ?

HERMANCE.

Veux-tu danser ?

IRMA.

Je jouerai du hautbois,

EDVIGE.

Jouons à Colin-Maillard.

PAQUERETTE.

À la main chaude.

BLONDETTE.

Au cheval fondu.

FASCIO.

À petit bonhomme vit encore.

TOUTES.

Oui, à petit bonhomme vit encore.

IDA.

Veux-tu que je te lise le journal du soir ?

BLONDETTE.

Tiens, Églantine, Irma, Edvige et moi !… Nous avons appris des vers… Prends ton luth, Ida, et accompagne nos paroles. (Ida accorde son luth.)

IRMA.
––––––« Où vont les étoiles qui filent
––––––Dans les profondeurs de l’azur ?
––––––Les lucioles qui scintillent,
––––––Diamants, dans le bois obscur ?
––––––Où vont les chants pleins de mystère
––––––Que redit l’oiseau solitaire ?
BLONDETTE.
––––––Ils vont où s’arrête leur route,
––––––Peut-être au ciel, que j’entrevois ;
––––––Ils parlent, et, la nuit, j’écoute
––––––Le doux murmure de leurs voix.
ÉGLANTINE.
––––––Ils disent ce que dit l’abeille,
––––––L’insecte d’or, la nompareille :
––––––Aimez ! l’amour remplit la terre ;
––––––C’est le feu céleste apporté
––––––Pour perpétuer le mystère
––––––De la grâce et de la beauté !
EDVIGE.
––––––Aimez du printemps à l’automne,
––––––Du soir au matin qui rayonne,
––––––Et du temps à l’éternité !… »
TOUTES.

Bravo ! bravo !

BLONDETTE, voyant Geneviève rêveuse.

Je crois que nous avons réussi… Elle pense à l’amour… et l’amour chasse la tristesse en lui jetant des rires au visage !

HERMANCE.

Écoutez… elle va parler.

GENEVIÈVE, bâillant.

Mon Dieu ! que je m’embête !

ÉGLANTINE.

Oh ! c’est trop fort !… elle n’aime