Boutefeu, fais circuler les coupes de l’amitié ! (À Mousse-à-Mort.) Donnez-vous la peine d’entrer. Oh ! tu peux venir tout seul, avec la plus grande confiance. (Mousse-à-Mort tire un écriteau sur lequel on lit : MÉFIONS-NOUS ! Il enjambe les créneaux.)
J’ai mon idée.
J’ai une idée sublime ! ça chauffe, c’est le moment de vous cuir…
Assez.
De vous cuirasser, c’est ça… méfiez-vous.
Mon père, ne buvez pas de vin rouge.
Ne buvez pas de vin blanc.
Du vin ! allons donc, du vin ! quand on peut boire du rhum ! (Il se verse et boit à part.)
Buvons à la fin de la guerre et à mon futur mariage.
Buvez donc !
Buvez donc !
Mais buvez donc.
Buvons. (Ils boivent et font la grimace.)
Buvons.
Avec plaisir je vois,
Buvons.
Qu’entre nous ce vin frais,
Buvons,
Va cimenter la paix,
Buvons.
Tin tin tin,
Plus de fronts sévères,
Plus de chagrin.
Tin tin tin,
Plus de fronts sévères,
Plus de chagrin.
Par l’amitié toujours
Buvons (bis).
Du temps charmons le cours,
Buvons (bis).
Pour moi, j’ai le dessein,
Buvons.
De vivre en bon voisin,
Buvons (bis).
Tin tin tin,
Plus de fronts sévères,
Plus de chagrin.
Et dire que je n’ai pas pensé plus tôt à ce mariage qui met fin à nos guerres intestines.
Dorez-leur la pilule.
Quel cauchemar !
Mon père, faite signe à vos hommes d’armes de monter… nous les tenons tous ! ils sont empoisonnés.
Avouez, Croquefer, que pour continuer la bataille, vous n’aviez plus ni armes, ni soldats !
Ah ! ça, j’avoue…
Plus de soldats ! (On entend le son de la trompette.) Écoutez !
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Votre armée, seigneur !
Mon armée !
Oui, les cuisinières, vos vassales, que j’ai équipées avec la batterie de cuisine. (Au même moment on entend au dehors le son du cor.)
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Vous êtes nos prisonniers !
Mais ventre de diable ! c’est une trahison !
Oui, oui, à cheval, mon père, et sus aux Croquefer ! (Mousse-à-Mort sort.)
Trahison ! Ah ! si je n’avais pas avalé mon bon sabre de Tolède !
À cheval ! Monseigneur !
Mais, mon Dieu ! que je suis donc fâché d’avoir un écuyer comme ça ! (Ils sortent.)
Scène IX.
Qu’en dis-tu, Ramasse-ta-Tête ?
Bien joué ! bataille, morbleu !… (La trompette se rapproche. Entrée de six hommes d’armes. Fleur-de-Soufre se met à leur tête.)
Mais convenons que le vaincu épousera le vainqueur !..
J’accepte ! (Entrée de femme armées avec la batterie de cuisine et des petits marmitons. Marche ; évolution. Après la marche, Croquefer apparaît à cheval ; évolution.)
Guerre à mort ! Je m’y mets difficilement, mais une fois que j’y suis, ça m’est égal… Mousse-à-Mort… (Entrée de Mousse-à-Mort à cheval.) Ah ! te voilà ; tu fais la tête parce que tu as une hache d’arme, Boutefeu, apporte-moi une arme.
Que le combat sanglier… singulier commence. (Combat.)
Sac à papier ! je crois que.
Je n’ai pourtant pas bu de vin blanc.
Nom d’un petit bonhomme, je crois que…
Oh ! la ! la !
C’est ce que je voulais dire. Oh ! la ! la ! la ! (Ils veulent recommencer le combat, mais ils se sentent pris de colique.)
Un feu brûle mon cœur !
C’est douloureux, étrange,
Je cède à ma douleur !
L’effroi glace mon cœur !
Moi qui fis le mélange,
Aurais-je fait erreur ?
Qu’ont-il ? Quelle pâleur !
C’est surprenant, étrange,
Je crains quelque malheur !