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MADAME TASTU

(1798-1885)


Dans le nombre assez grand des femmes qui, de notre temps, ont fait œuvre de poète, Mme Tastu a conquis une des meilleures places, non seulement par l’irréprochable pureté des inspirations, mais encore par la grâce et la correction du talent. — Elle naquit avant la fin du dernier siècle, à Metz (1798) : elle était fille de M. Voïart, administrateur général des vivres, et de Mlle Bouchotte, sœur du ministre de la guerre sous la République, personne d’intelligence distinguée et de noble cœur. Elle n’avait que huit ans, lorsque la mort de cette mère vint sevrer son enfance des plus douces joies de son âge. Esprit naturellement sérieux et porté à la rêverie, imagination déjà éveillée, « elle lisait beaucoup ; il fallait lui cacher les livres, qu’elle dévorait ; elle avait l’oreille poétique, sensible à la mesure, et se plaisait, d’instinct, à composer des couplets sur des airs de romance connus. » M. Voïart ayant épousé en secondes noces une jeune Lorraine, femme d’esprit et femme auteur[1], ces dispositions de la jeune fille s’accrurent par l’effet des conversations et des exemples de celle-ci. Vers la fin de l’Empire, étant venue avec les siens habiter Choisy-le-Roi, on la menait souvent à Paris chez une amie de sa famille, déjà célèbre comme poète, Mme Dufrénoy, qui se plaisait à recevoir la confidence de ses premiers vers. « Agée de quinze à seize ans, nous dit dans ses Mémoires un témoin familier de ces visites, Mlle Voïart, par un don inné, chantait déjà les oiseaux, les fleurs, la nature, dans des vers simples, faciles, qui coulaient de source, et qui, en exprimant les idées et les sentiments

  1. Traductrice anonyme des romans d’Auguste Lafontaine ; auteur d’ouvrages d’éducation et de quelques romans, dont un a été couronné par l’Académie française. — Mme Elise Voïart, née en 1780 à Nancy, est morte en 1866.