L y a de certains enfans, qui ont esté nouris en leur maison dans toutes sortes de douceurs, de caresses ; comme les garçons vniques : pour ceux là il les faut mortifier tout doucement ; notamment quand ils sont d’vne humeur superbe & accariastre ; & se seruir de ce moyen pour les foüetter ; c’est de les reseruer à les chastier auec plusieurs autres, par ce que la consolation des affligés, est d’auoir de semblables, cela les resoud à la correction plustost que si on les chastioit seuls, à raison que la honte & la confusion en seroit plus grande & leur est plus sensible à cause de leur superbe.
l faut principalement obseruer de ne chastier iamais vn enfant sur des simples conjectures, ou sur le tesmoignage d’vn seul, mesme des-interessé : mais le Maistre doit bien s’informer de ceux qui les accuseront, si ce n’est qu’eux mesme confessent leur faute ; & alors il leur faut vn peu relascher de ce qu’ils meritent, leur faisant entendre que c’est à cause qu’il eut dit la verité, & mesme en les faisant preparer à la correction, il faut bien mediter & ruminer la faute, & les chastier toujours moins qu’ils n’ont merité. On doit aussi leur assembler les fautes passées, & les punir tout ensemble, leur en faisant resouuenir & auoüer. Or pour ceux qui se vont plaindre à la maison ou les conteurs de nouuelle d’Escole, il les faut encor chastier sans remission.