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tantost du costé des parens ; les vns qui viendront se plaindre de ce que leurs enfans n’apprennent rien (encor que le Maistre fasse tout son possible pour leur monstrer) neantmoins eux qui n’ont que leur passion en teste, & bien souuent aucune raison, picquent vn pauure Maistre (qu’ils dévroient honorer) iusques au vif. Il faut les escouter patiemment, les contenter, leur monstrer le deffaut, qui vient toûjours ou de la lourdise, tardiueté ou de la paresse de l’enfant, & leur promettre encor vn plus grand soin & vigilance : si pourtant telles personnes ne pouuoient se satisfaire apres que l’on aura fait ce qu’on aura peu, il faut leur rendre leur enfant, leur disant qu’il pourra peut estre mieux faire ailleurs, & ce auec tranquilité d’esprit : esleuant son cœur vers le Crucifix à cét effect. Il aura d’autres plus rudes secousses, quand les parens, soubs ombre de quelque chastiment qu’on aura fait à leurs enfans, soit qu’il y paroisse ou non, viendront chanter injures au Maistre, ou bien en diront pire que pendre en derriere ; il faut aualler tout cela doux comme miel, comme cét Agneau de bonté & de douceur, qui se laissa mener par les perfides Iuifs à la boucherie, sans ouurir la bouche : sinon pour prier pour eux : en quoy le Maistre le doit imiter. Toutefois si telles personnes estoient de si mauuaise humeur, & tellement amoureux de leurs enfans, qu’ils fissent deux ou trois fois tels scandales, il leur rendra tout doucement leurs enfans, de peur d’vn plus grand mal, & scãdale qui en pourroit arriuer : joint que les enfans en telles occasions, viennent à mespriser les Maistres & deuiennent pires.