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stre, veu le bas aage où il sont, les difficultés de traiter & gouuerner les parens, & enfin en toutes les actions de cette charge, en laquelle il faut que le Maistre d’Escole soit vn fidelle & prudent seruiteur, que Dieu a constitué sur sa petite famille pour la gouuerner.

De la Prudence enuers soy-mesme §. 2.


LE premier acte de Prudence que le Maistre doit exercer, c’est de voir s’il a les vertus & qualités necessaires auant que d’entreprendre cét office ; (ie sçay bien que l’on ne peut pas estre parfait tout d’vn coup) mais il doit voir s’il y a de la disposition, s’il y est appellé de Dieu, laquelle vocation doit estre reconnuë par l’aptitude, affection & zele à vn office qui est reputé si bas parmy le monde, il doit prendre conseil sur cela de personnes prudentes, pieuses & doctes ; apres l’auoir souuent recommandé à Dieu : car s’il l’entreprend pour le gain temporel comme vn mestier pour y gaigner sa vie, c’est vn mercenaire & non pas vn Pasteur, vn loup rauissant qui vient seulement pour tirer la laine & le laict de ces petites oüailles, & non pas pour les repaistre & nourrir de l’Esprit du Chrestien, qu’il n’a pas luy mesme : & partant il ne doit attendre aucune portion en l’heritage des vrais Maistres de nostre Seigneur, mais l’heritage des hypocrites (en la diuision de son Ame d’auec le corps) qui est l’Enfer.

Il se doit contenter du possible des enfans. §. 3.


TOut ainsi que le Maistre en l’escriture doit donner vn exemple bien formé & auec perfection & se contenter de son escolier qui n’escrira qu’imparfaitement en son commencement : de mesme le Maistre d’Escole doit estre parfait en tout ce qu’il