ARTICLE I.
De la façon de monstrer lesLettres aux enfans. §. 1.
L faut considerer quels enfans on doit enseigner :
car s’ils sont petits, & qu’ils ayent l’esprit dur, ils
seront plus tardifs, & par consequent, il y faut plus
employer de temps, leur monstrer moins de Lettres
à la fois, & leur faire repeter plus souuent qu’à
ceux qui auroient vn bon esprit, bonne volonté, &
le iugement fait : pour ceux qui auront l’esprit dur,
& seront auec cela paresseux, il faut auoir vne grande
patience & industrie, pour leur faire connoistre
leurs lettres. Enfin plus vn enfant a d’esprit & de
iugement, plus il le faut pousser & inciter, s’il a
bonne volonté ; & moins il en a, & plus il faut
employer de temps, de soin, & le faire moins aduancer
en vne autre leçon, puis qu’il oublie plus
facilement, & apprend plus difficilement que les
autres.
De la façon du premier Alphabet. §. 2.
Our bien monstrer aux enfans les lettres, il leur
faut faire apporter au commencement, vn petit
Liure de quatre ou cinq fuëillets qui contienne.
1. Les Lettres communes, capitales, abreuiations,
italiennes, grandes & petites. 2. Deux colomnes de
syllabes, de toutes les lettres qui se peuuent assembler,
tant auec les simples voielles, comme ba, pa,
comme auec vne liquide & vne voielle comme bra,
bla. Il y a vingt-deux lettres Latines, a, b, c, d, e, f,
g, h. s. s. m. n, o, p, q. s. f. s. t, u, v, x, z, &, 9, & deux
grecques, k, & y : les lettres se diuisent en voielles &
consonnes ; les voielles ainsi dites, à cause qu’elles