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PREFACE AV LECTEVR.


MOn cher Lecteur.

Vn des plus grands besoins que l’homme aye en sa vie, c’est d’estre formé de bonne heure à la vertu ; dautant que les premieres impressions qu’il reçoit en sa ieunesse, retiennent vne telle fermeté, que tous les emplois de la vie, quoy que difficiles, n’en peuvent tellement effacer les marques, qu’il n’en reste quelqu’vne, mesme dans l’aage le plus auancé. La nature nous enseigne cette leçon dans l’education, mesme des animaux, priués de raison, chacun dans son espece, ausquels elle donne vn instinct tout particulier d’engendrer & nourrir leurs semblables auec vn soin tout extraordinaire, iusques à ce qu’ils soient capables de la fin pour laquelle ils sont créés. Les Payens par la seule lumiere de la raison nous ont monstré cette necessité, notamment en la personne des Lacedemoniens, donc les enfans estoient dressés dés le berceau, à supporter les fatigues d’vn grand trauail, au mespris des richesses & à l’obseruation exacte des loix ciuiles. Aussi cette Republique a esté par ce moyen la plus florissante de toute la Grece, & a serui de prototype & de Maistresse aux plus experimentés des siecles suiuants. Mais laissant là ces exemples prophanes, la sagesse increée nous a enseigné de la part de son Pere eternel, que son Royaume estoit pour les enfans, talium est enim regnũ cœlorum ; aussi leur a-t-il témoigné tant d’amour durant sa vie, qu’il se diuertissoit volontiers de ses plus Saints employs, pour receuoir comme vn amoureux pasteur, ces petits agneaux ; il benissoit les enfans, il les