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Ainsi, Marat, tu vois que je n’ai pas usurpé le nom de personne, en portant celui de Jacques Roux.

Tu n’es pas de meilleure foi, dans la relation des propos que tu me prête.

D’abord, il est de fait, Marat, que c’est toi qui a cherché à me connoître. Tu dois te rappeller qu’il y a environ quinze mois tu envoya chez moi le citoyen Fainault, sculpteur, pour me prier de venir te parler pour des affaires importantes. Tu logeois alors chez les trois sœurs Hevrard, rue Saint-Honoré, n°. 243, vis-à-vis le café Richard, maison du Pelletier. Je me rendis à ton domicile. Tu me reçu fraternellement, sans doute parce que tu avois besoin de moi ; je t’avouai, et tu savois déjà que j’étois prêtre ; tu célébra, en ma présence, mes vertus civiques, tu me chargea d’une lettre pour le club des Cordeliers, à l’effet de constater que tu étois véritablement l’auteur du journal intitulé l’Ami au Peuple, d’engager les sociétés qui lui étoient affiliées de souscrire pour l’impression des numéros des années précédentes ; je fus porteur d’une lettre pour Robespierre et pour Chabot, dont l’objet étoit d’intéresser la société des Jacobins à propager l’édition de tes ouvrages. Peu de jours après, tu me fis demander par le même Fainault si je pouvois te donner un lit pour deux jours. Je me fis un plaisir de te recevoir, toi et plusieurs personnes qui venoient voir M. Legros, car c’est le nom que tu portois. J’ai couché sur la dure pendant six jours, j’ai fait seul la cuisine, j’ai vuidé jusqu’à ton pot-de-chambre ; j’ai fait en un mot pour toi, tout ce qu’un bon patriote pouvoit faire, et ce que je ferois encore pour mes persé-