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francisque bouillier.

— Ces différences sont si marquantes, qu’on a pu les déterminer par des chiffres. Le docteur Lagrange, dans sa Physiologie des exercices du corps, rapporte ce fait, que, dans un concours de régates, les Français donnaient par minute quarante coups d’aviron, et les Hollandais vingt-cinq seulement. À la place des Hollandais, mettez les Anglais, c’est la même chose. La conclusion est qu’il faut au Français des jeux et des exercices où il y a plus de rapidité et moins de force, et à l’anglais, des jeux et des exercices où il y a plus de force et moins de rapidité.

pierre de coubertin.

— En d’autres termes, que d’un Français vous ne ferez jamais un Anglais[1].

paschal grousset.

— C’est pour cela que je passe les jeux anglais au crible. Je n’en garde que ceux qui conviennent à notre tempérament, à notre génie propre.

francisque bouillier.

— Soit. Mais une fois ce triage fait, vous adoptez les mêmes jeux pour la France entière. Vous les imposez à tous les établissements sans distinction, vous les envoyez de Paris à la province, au nord et au sud, à l’est et à l’ouest, au centre et à la circonférence. Vous oubliez qu’il y a entre le Lillois et le Marseillais une différence pour le moins aussi grande qu’entre le Français en général et l’Anglais, que le ciel de la Flandre n’est pas le ciel de la Provence, et qu’il faut sous chacun des exercices différents.

paschal grousset.

— Vous voulez dire que les jeux, quand même ils seraient français auraient encore un caractère local.

francisque bouillier.

— Sans doute, et qu’au Lendit de Paris vous ne pouvez pas faire con-

  1. Au moment où je corrige les épreuves, j’apprends par le journal Le Temps que le 25 juin M. Gréard a lu au Conseil académique de Paris un mémoire où il démontre que nous ne saurions songer à introduire dans nos lycées les coutumes et la vie des grandes écoles d’Angleterre, « que cela n’est ni possible ni même désirable ; que le système anglais est un système aristocratique, un système de luxe que ni les fortunes modestes des familles, ni le budget de l’État, ni notre génie démocratique ne sauraient supporter. » M. Bouillier et M. Gréard rencontrent.