je me rappelais cette parole si simplement éloquente qui fut dite un jour à l’abbé Dupanloup par un de ses élèves : « Si vous saviez, monsieur le supérieur, comme ça nous ennuie de nous amuser de la sorte ».
— Et délivrés d’un plaisir pris suivant la règle et suivant les meilleures méthodes, ils se hâtaient de retourner à leur promenade le long des murs.
— Exactement. J’aime la vérité, je ne veux pas la déguiser ni à vous, monsieur, ni à M. Paschal Grousset, ni à moi-même[1].
— Et votre système à vous, ou pour mieux dire, le système de votre comité, réussit-il mieux que celui de la Ligue nationale ?
— Je ne voudrais pas l’affirmer. Bien que nous ayons pour principe d’aller très lentement, les choses vont encore plus lentement que nous. J’avoue que nous grillons d’impatience de voir agir, et nous nous demandons d’où vient cette inertie contre laquelle nous nous heurtons.
— Si vous voulez bien me donner quelques minutes d’attention, je crois pouvoir vous le dire. Vous et M. Paschal Grousset ne voyez de salut que dans l’introduction dans nos lycées et collèges du régime anglais.
— C’est pour cela que j’ai intitulé un de mes livres l’Éducation anglaise en France.
— Il y a entre nos deux systèmes des différences qui méritent d’être notées. M. de Coubertin pense qu’il est à la fois simple et expéditif de copier en bloc les coutumes qu’il a trouvées bienfaisantes et fécondes. Il propose d’importer en France les jeux scolaires du Royaume-Uni, comme on y importe des chiens d’arrêt et des chevaux de course. Il leur conserve même leurs noms anglais. Moi, je suis plus éclectique. J’écarte
- ↑ Voir dans la revue L’Instruction publique du 1er juin 1889 une circulaire où M. Gréard se plaint du peu d’empressement des proviseurs et des principaux de son ressort à organiser des sociétés de jeux et de marche.