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sera la résurrection des Jeux Olympiques. Les vainqueurs auront des diplômes d’agonothètes ou chefs des jeux publics. Avec ces parchemins et des médailles ils retourneront dans leur province, ils y exciteront un supplément d’enthousiasme, et y recevront les honneurs qui leur sont dus.

pierre de coubertin.

— Il ne manquera plus qu’un Pindare ou un Simonide pour chanter leur louange.

francisque bouillier.

— Ne riez pas, monsieur de Coubertin. Attendez plutôt la fin. À l’œuvre on connaît l’artisan.

pierre de coubertin.

— Croyez bien, monsieur, que, si je ris, je ne ris pas jaune. Je ne puis cependant m’empêcher d’avoir quelque doute sur le succès de la méthode de M. Paschal Grousset. Il y a trop de tintamarre là dedans. Notre comité à nous fait moins de bruit. Il part d’un pied ferme, s’avance lentement, travaille avec opiniâtreté. S’il rencontre un obstacle, il l’attaque en silence, le sape, et puis tape dessus jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.

francisque bouillier.

— Une agitation intelligente par la correspondance privée, la presse et les conférences peut être bonne, mais la pratique vaut mieux. M. Paschal Grousset en convient, et à ses yeux celui qui de fait réunirait vingt jeunes gens pour les faire courir et sauter, et leur donner la passion des jeux en plein air, rendrait plus de service que celui qui écrirait sur les exercices physiques les pages le plus éloquentes.

pierre de coubertin.

— Cela est vrai. Je suis sûr que si M. Paschal Grousset voulait bien ne pas se faire illusion, il trouverait qu’il est plus difficile d’obtenir une seule pirouette sur le terrain que cent adhésions sur le papier. J’ai voulu m’assurer de visu du progrès que la Ligue nationale a déjà réalisé dans les lycées et collèges. Par des voies dont vous me permettrez de garder le secret, je me suis introduit dans un assez grand nombre de ces établissements. J’ai vu qu’on y faisait trois promenades par semaine au lieu de deux, et qu’on allongeait les récréations d’une demi-heure par jour. Dans les cours j’ai rencontré, ici un jeu de quilles, là un jeu de boules, ailleurs deux ou trois vélocipèdes. Des élèves en groupes allaient, à tour de rôle et par ordre, jouer un quart d’heure environ. Ce temps leur paraissait long, ils semblaient compter les minutes, et à leur air apathique