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francisque bouillier.

— Non, je ne l’oublie pas, mais je sais ce que vous en pensez. Vous êtes le premier à reconnaître que les leçons de gymnastique obligatoire ne peuvent suppléer à la gymnastique libre et spontanée.

pierre de coubertin.

— Vous avouez que le défaut d’exercice n’est bon ni pour le corps ni pour l’âme.

paschal grousset.

— Que nous ne donnons pas à nos enfants cette

Mens sana in corpore sano,

qui doit être le but suprême de l’éducation.

francisque bouillier.

— Sans doute.

pierre de coubertin.

— Nous voilà d’accord.

francisque bouillier.

— Pas tout à fait. Je reconnais avec vous, messieurs, qu’il y a chez notre jeunesse un commencement de souffrance et qu’il est du devoir de tous ceux qui s’intéressent à l’éducation de chercher à l’arrêter. Mais de là il y a loin à la décadence que vous signalez tous deux dans vos ouvrages. Nos lycées ne sont ni des caves, ni des prisons, ni des lupanars. Ils ne recèlent point, pour me servir de vos termes, une pourriture à laquelle il ne serait que temps de mettre le balai.

pierre de coubertin.

— Le mot est de moi, je le maintiens.

francisque bouillier.

— Vous avez tort, monsieur. Parler ainsi, c’est parler contre la vérité. C’est nous amoindrir injustement à la grande joie des étrangers. Je ne m’étonne pas d’avoir entendu un critique anglais appeler votre premier ouvrage un délicieux petit livre — a delightfull little book — et en recommander la lecture franchement, amicalement et cordialement — frankly, friendly and amically[1].

  1. Voir l’Academy, no du 18 septembre 1888, p. 168.