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Le spectacle est tout prêt ; on le leur a promis ;
Qu’on se hâte, ou sinon !…

Qu’on se hâte, ou sinon !…Enfin on les a mis,
Jetés plutôt, au fond du jardin, côte à côte,
Sans chaînes, sans bandeaux, la tête libre et haute,
Debout contre le mur, à dix pas des bourreaux.
On charge les fusils.

On charge les fusils.Qu’ils sont grands, qu’ils sont beaux,
Calmes, froids, au milieu de ces hommes farouches !
Pas un cri de terreur ne sortit de leur bouche ;
Pas une larme encor ne sortit de leurs yeux.
« En joue ! » a dit quelqu’un. — À ce mot, le moins vieux
Des deux martyrs, sentant qu’on va lui prendre l’âme,
Fait un pas : « Arrêtez, leur dit-il, j’ai ma femme,
J’ai cinq enfants ! Pitié ! »

J’ai cinq enfants ! Pitié ! »Ces douloureux accents
Émeuvent quelques cœurs : des fusils menaçants
Se relèvent… Mais quoi ! Le peuple veut sa fête ;