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En vain, grande d’espoir et folle de souffrance,
De tes puissants poumons as-tu crié : Vengeance !
En vain as-tu levé ton regard vers les cieux :
Le cri s’est arrêté dans ta gorge oppressée,
Et, comme tu rêvais de ta gloire passée,
Des larmes de douleur ont obscurci tes yeux.

Ah ! les temps ne sont plus où l’Europe, inquiète,
Dans chacun de tes coups trouvant une défaite,
Pour se venger plus tard implorait ton appui ;
Avec les temps nouveaux vient la nouvelle guerre ;
Ils frappent maintenant, ceux qu’on frappait naguère :
Les vaincus d’autrefois sont vainqueurs aujourd’hui.

Mais va ! ne rougis pas, car, s’il est une honte,
Qu’à l’auteur de la guerre entière elle remonte ;
Sedan l’a condamné, ton crime le punit ;
Pour lui le rouge au front et le regret à l’âme,
Pour lui les noirs remords, pour lui le nom d’infâme,
Pour lui tout ce qui venge et tout ce qui maudit !