Page:Jacques Normand - Tablettes d un mobile, 1871.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors les chants guerriers lui paraissent très-fades ;
Son devoir l’attachant, quoi qu’il doive affronter,
Il reste ; mais a-t-il grand plaisir à rester ?
Pense-t-il qu’il est beau de mourir pour la gloire ?
Le chant des Girondins lui vient-il en mémoire ?
Non. Dans ces moments-là le cœur pleure, et l’on sent
Qu’il est quelqu’un là-bas qui pense au fils absent…
S’il est beau de mourir, il est bien doux de vivre ;
On fera son devoir ; on suivra, s’il faut suivre,
Jusque sous les canons ceux qui vont de l’avant ;
Mais au fond de son être on sent vibrer souvent
Tout un monde chéri qui pour vous veille et prie,
Et l’on désire peu « mourir pour la patrie ».
Peut-être appelle-t-on cela la lâcheté ;
Je suis un lâche, alors. — Vous êtes entêté,
Voilà tout. » Et le vieux, tortillant sa moustache,
Allongea sur sa botte un bon coup de cravache,
Son geste habituel alors qu’il ne veut pas
Avouer qu’il a tort, et se croisa les bras.