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C’est là que j’ai souvent maudit à plein juron
Les Bismarck, les Guillaume et les Napoléon,

Grands tueurs d’hommes,

Qui, sans jamais quitter sommiers ni matelas,
Ronflent toute la nuit et font faire aux soldats

Les mauvais sommes.


C’est là qu’en sentinelle, assis sur un tonneau,
Sans broncher, j’ai reçu de la grêle, de l’eau

Et de la neige ;

Là que plus d’une fois, dans ce tonneau plongé
Jusques au haut des reins, j’ai pris, pauvre assiégé,

Des bains de siége.


C’est là que j’ai compris qu’un soldat, aujourd’hui,
N’est qu’une molécule, un lui qui n’est pas lui,

Une machine,

À qui le bout du nez doit servir d’horizon,
Et qui produit l’effet sans chercher la raison

Qui détermine.