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S’étendent en dorant les grands champs de luzernes ;
Quand le ciel bleu sourit au fond des réservoirs ;

Quand les gouttes de pluie, en tombant de la branche,
Font entendre au passant leur monotone bruit ;
Quand, sortant de son nid, la tourterelle blanche,
Lisse amoureusement son plumage qui luit,

Le laboureur pensif vers son champ solitaire
S’achemine, et, voyant le terrain dévasté,
Les blés brisés, tordus, inclinés vers la terre,
Le travail d’une année en un jour emporté,

Tenant sur son front brun ses deux mains attachées,
Le désespoir au cœur et les larmes aux yeux,
Il s’asseoit au milieu de ses herbes fauchées
Et pense à ses enfants en regardant les cieux.

Mais bientôt, secouant la torpeur qui l’oppresse,
Mâle, essuyant ses yeux d’un revers de son bras,