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sez le Manet de Blanche à l’irréel Manet de Zola « fenêtre ouverte sur la nature »). Tout de même ce point de vue de l’histoire me choque en ce qu’il fait attribuer par Blanche (comme par Sainte-Beuve) trop d’importance à l’époque, aux modèles. Sans doute il est d’un bien agréable fétichisme de croire qu’une bonne partie du Beau est réalisée hors de nous et que nous n’aurons pas à la créer. Je ne puis aborder ici ces questions de doctrine. Mais je ne suis pas si matérialiste que de croire que les modes du temps de Fantin rendaient plus facile de faire de beaux portraits, que le Paris de Manet était plus pictural que le nôtre, que la féerique beauté de Londres est une moitié du génie de Whistler.

On peut trouver parfois dans les portraits que Blanche donne ici quelque justification à l’accusation de malice. Le portrait de tel peintre, de Fantin par exemple, prête à sourire. Mais, je le demande, un tel portrait, criant de vérité, d’originalité et de vie, ne louera-t-il pas plus efficacement le maître disparu (malgré les apparences d’irrespect qui ne peuvent tromper sur la sym-