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leul, en reprenant sa gaîté, puis il ajouta sévèrement : « Mon cher, au moins on ne fait pas semblant d’être invité quand on est assez dénué de relations pour en être réduit à aller à des bals de domestiques, et payants encore ! »

La seule énumération des portraits que Jacques Blanche fit vers cette époque (en exceptant le mien) suffit à montrer qu’en littérature aussi, c’était l’avenir qu’il découvrait, qu’il élisait, et elle est déjà, par là, une première explication de l’extrême valeur, du charme unique, que possède le présent volume. En effet, tandis que les peintres illustres alors — un Benjamin Constant, par exemple — ne faisaient le portrait que d’écrivains chargés d’honneurs, dépourvus de mérite, et aujourd’hui aussi oubliés que leur peintre, Jacques Blanche peignait les amis dont il était seul ou presque seul à célébrer le talent « pour faire de l’originalité », disaient les gens du monde, ou peut-être par l’effet d’une méchanceté, qui, après avoir dénigré les grands hommes,