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Barbieri. Dialogues sur la mort et sur les âmes séparées : Dialoghi délia morte e dell’anime separate, di Barbieri. In-8°. Bologna, 1600.

Barbu. On appelle démon barbu le démon qui enseigne le secret de la pierre philosophale ; on le connaît peu. Son nom semblerait indiquer que c’est le même que Barbatos, qui n’a rien d’un démon philosophe. Ce n’est pas non plus Barbas, qui se mêle de mécanique. On dit que le démon barbu est ainsi appelé à cause de sa barbe remarquable.

Barcabas et Barcoph.Voy. Basilide.

Bareste (Eugène), auteur de la Fin des temps et de quelques prophéties du moins très-spirituelles. Il a été quelques années le rédacteur de l’Almanach prophétique, pittoresque et utile, la plus curieuse de ces légères productions que chaque année ramène.

Barkokebas ou Barchochebas, imposteur ; qui se fit passer pour le Messie juif, sous l’empire d’Adrien. Après avoir été voleur de grand chemin, il changea son nom de Barkoziba, fils du mensonge, en celui de Barkokebas, fils de l’étoile, et prétendit qu’il était l’étoile annoncée par Balaam. Il se mit à faire des prodiges. Saint Jérôme raconte qu’il vomissait du feu par la bouche, au moyen d’un morceau d’étoupes allumées qu’il se mettait dans les dents, ce que font maintenant les charlatans des foires. Les Juifs le reconnurent pour leur Messie. Il se fit couronner roi, rassembla une armée, et soutint contre les Romains une guerre assez longue ; mais enfin, en l’année 136, l’armée juive fut passée au fil de l’épée et Barkokebas tué. Les rabbins assurent que, lorsqu’on voulut enlever son corps pour le porter à l’empereur Adrien, un serpent se présenta autour du cou de Barkokebas, et le fit respecter des porteurs et du prince lui-même[1].

Barnaud (Nicolas), médecin protestant du seizième siècle, qui rechercha la pierre philosophale. Il a publié sur l’alchimie divers petits traités recueillis dans le troisième volume du Théatrum chimicum, compilé par Zetzner. Strasbourg, 1659.

Barrabas. « Quand les sorcières sont entre les mains de la justice, dit Pierre Delancre[2], elles font semblant d’avoir le diable leur maître en horreur, et l’appellent par dédain Barrabas ou Barrabam. »

Barron, un des démons auxquels sacrifiait le maréchal de Retz.Voy. Retz.

Barscher (Anne), femme de Kôge, près de Copenhague, qui subit en 1609 et plus tard un ensorcellement jeté sur elle, sur son mari et ses enfants. Elle a publié en danois le récit curieux de ses souffrances, récit approuvé et attesté par des autorités imposantes. On peut lire cette histoire assez compliquée dans les Energumeni Koagienses, Lipsiœ, 1695.

Barthole, jurisconsulte, mort à Pérouse en 1356. Il commença à mettre de l’ordre dans la jurisprudence ; mais on retrouve les bizarreries de son siècle dans quelques-uns de ses ouvrages. Ainsi, pour faire connaître la marche d’une procédure, il imagina un procès entre la sainte Vierge et le diable, jugé par Notre-Seigneur Jésus-Christ[3]. Les parties plaident en personne. Le diable demande que le genre humain rentre sous son obéissance ; il fait observer qu’il en a été le maître depuis Adam ; il cite les lois qui établissent que celui qui a été dépouillé d’une longue possession a le droit d’y rentrer. La sainte Vierge lui répond qu’il est un possesseur de mauvaise foi, et que les lois qu’il cite ne le concernent pas. On épuise des deux côtés toutes les ressources de la chicane du quatorzième siècle, et le diable est débouté de ses prétentions[4].

Bartholin (Thomas), né à Copenhague en 1619. On recherche de lui le livre De unguento armario. Ce traité de la poudre de sympathie se ressent du temps et de la crédulité de l’auteur ; il contient cependant des choses singulières et qui ne sont pas indignes de quelque attention.

Barton (Elisabeth), religieuse de Kent, qui prévit et révéla, en 1525, les excès où tomberait bientôt le schisme qu’elle voyait naître en Angleterre. Les partisans de Henri VIII s’écrièrent qu’elle était possédée du diable. La protection de Thomas Morus, loin de la sauver, la perdit : en 1533, cette pieuse et sainte fille fut mise à mort avec beaucoup d’autres, sous prétexte de sorcellerie, par les réformés, qui se vantaient d’apporter la lumière et la liberté.

Bas. Qui a chaussé un de ses bas à l’envers recevra dans la journée un conseil, — probablement celui de le retourner.

Bascanie, sorte de fascination employée par les magiciens grecs ; elle troublait tellement les yeux, qu’on voyait tous les objets à rebours : blanches les choses noires, rondes les choses pointues, laides les plus jolies figures, et jolies les plus laides.

Basile. Michel Glycas[5] raconte que l’empereur Basile, ayant perdu son fils bien-aimé, obtint de le revoir peu après sa mort, par le moyen d’un moine magicien ; qu’il le vit en effet et le tint embrassé assez longtemps, jusqu’à ce qu’il disparut d’entre ses bras, a Ce n’était donc qu’un fantôme qui disparut sous la forme de son fils[6]. »

  1. Voyez son histoire plus étendue dans les Légendes de l’Ancien Testament.
  2. Tableau de l’inconstance des mauvais anges, etc., liv. VI, dise. m. Paris, 1612.
  3. Ce singulier ouvrage, intitulé Processus Satanœ contra Virginem coram judice Jesu, est imprimé dans le Processus juris jocoserius. In-8°. Hanau, 1641.
  4. Voyez ce procès résumé dans les Légendes du Nouveau Testament.
  5. Annal., part. IV.
  6. D. Calmet, Dissertation des revenants en corps, I ch. xvi.