Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARI
ARM
— 50 —

dote. Tant de prodiges engagèrent les Siciliens à lui consacrer un temple, où ils l’honoraient comme un demi-dieu.

Aristodème, roi des Messeniens. Voy. Ophioneus et Ololygmancie.

Aristolochie, ou paille de sarasin, ou plutôt espèce de plante appelée pistoloche, avec, laquelle Apulée prétendait qu’on pouvait dénouer l’aiguillette, sans doute en l’employant à des fumigations. Voy. Ligatures.

Aristomène, général messénien, si habile et si adroit, que toutes les fois qu’il tombait au pouvoir des Athéniens, ses ennemis, il trouvait moyen de s’échapper de leurs mains. Pour lui ôter cette ressource, ils le firent mourir ; après quoi on l’ouvrit et on lui trouva le cœur tout couvert de poils[1].

Aristote, que l’Arabe Averrhoës appelle le comble de la perfection humaine. Sa philosophie a été en grande vénération, et son nom a toujours de l’éclat. Mais il ne fallait pas se quereller pour ses opinions et emprisonner dans un temps ceux qui ne les partageaient pas, pour emprisonner dans un autre temps ceux qui les avaient adoptées. Ces querelles, au reste, n’ont été élevées que par les hérétiques.

Delancre semble dire qu’Aristote savait la magie naturelle[2] ; mais il ne parle guère en homme superstitieux dans aucun de ses écrits. Quant à la vieille opinion, soutenue par Procope et quelques autres, qu’Aristote, ne pouvant comprendre la raison du flux et du reflux de l’Euripe, s’y précipita en faisant de désespoir ce mauvais calembour : — Puisque je ne puis te saisir, saisis-moi[3] ; — cette opinion est aujourd’hui un conte méprisé.

Nous ne citerons ici des ouvrages d’Aristote que ceux qui ont rapport aux matières que nous traitons : 1° De la divination par les songes ;Du sommeil et de la veille, imprimés dans ses œuvres. On peut consulter aussi les Remarques de Michel d’Éphèse sur le livre De la divination par les songes[4], et la Paraphrase de Thémistius sur divers traités d’Aristote, principalement sur ce même ouvrage[5].

Arithmancie ou Arithmomancie. Divination par les nombres. Les Grecs examinaient le nombre et la valeur des lettres dans les noms de deux combattants, et en auguraient que celui dont le nom renfermait plus de lettres et d’une plus grande valeur remporterait la victoire. C’est en vertu de cette science que quelques devins avaient prévu qu’Hector devait être vaincu par Achille.

Les Chaldéens, qui pratiquaient aussi l’arith-momancie, partageaient leur alphabet en trois parties, chacune composée de sept lettres, qu’ils attribuaient aux sept planètes, pour en tirer des présages. Les platoniciens et les pythagoriciens étaient fort adonnés à cette divination, qui comprend aussi une partie de la cabale des Juifs[6].

Arius, fameux hérétique qui niait la divinité de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Voici comment on raconte sa mort : — Saint Alexandre, évêque de Byzance, voyant que les sectateurs d’Arius voulaient le porter en triomphe, le lendemain dimanche, dans le temple du Seigneur, pria Dieu avec zèle d’empêcher ce scandale, de peur que si Arius entrait dans l’église, il ne semblât que l’hérésie y fût entrée avec lui. Et le lendemain dimanche, au moment où l’on s’attendait à voir Arius, l’hérétique ivrogne, sentant un certain besoin qui aurait pu lui être fort incommode dans la cérémonie de son triomphe, fut obligé d’aller aux lieux secrets, où il creva par le milieu du ventre, perdit les intestins, et mourut d’une mort infâme et malheureuse, frappé, selon quelques-uns, par le diable, qui dut en recevoir l’ordre, car Arius était de ses amis.

Armanville. Une dame d’Armanville, à Amiens, fut battue dans son lit en 1746. Sa servante attesta que le diable l’avait maltraitée. La cloche de la maison sonna seule ; on entendit balayer le grenier à minuit. Il sembla même que les démons qui prenaient cette peine avaient un tambour et faisaient ensuite des évolutions militaires. La dame, effrayée, quitta Amiens pour retourner à Paris ; c’est ce que voulait la femme de chambre. Il n’y eut plus de maléfices dès lors, et l’on a eu tort de voir là autre chose que de la malice.

Armées prodigieuses. Au siège de Jérusalem par Titus, et dans plusieurs autres circonstances, on vit dans les airs des armées ou des troupes de fantômes, phénomènes non encore expliqués, et qui jamais ne présagèrent rien de bon.

Plutarque raconte, dans la Vie de Thémistocle, que pendant la bataille de Salamine on vit en l’air des armées prodigieuses et des figures d’hommes qui, de l’île d’Égine, tendaient les mains au-devant des galères grecques. On publia que c’étaient les Eacides, qu’on avait invoqués avant la bataille.

Quelquefois aussi on a rencontré des troupes de revenants et de démons allant par bataillons et par bandes. Voy. Retz, etc.

En 1123, dans le comté de Worms, on vit pendant plusieurs jours une multitude de gens armés, à pied et à cheval, allant et venant avec

  1. Valère-Maxime, liv. I, ch. viii, ext. n° 15.
  2. Tableau de l’inconstance des mauvais anges, etc., liv. VI, disc. ii.
  3. Si quidem ego non capio te, tu capies me.
  4. Michaelis Ephesii Annotationes in Aristotelem de somno, id est, de divinatione per somnum. Venise, in-8o, 1527.
  5. Themistii Paraphrasis in Aristotelem de memoria et reminiscentia, de insomniis, de divinatione per somnum, latine, interprété Hermolao Barbaro. Bâle, in-8o, 1530.
  6. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincue, traité V.