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pas lourds et des battements d’ailes ; et le plante-bornes revient gémir tous les soirs, sans se lasser jamais, jusqu’à ce qu’enfin l’on se décide à lui répondre.

Il se trompe quelquefois, s’adresse à une famille pure de toutes fraudes, et qui peut hardiment répondre pour ses aïeux ; mais c’est pour lui ménager un triomphe ; car, sûr de sa conscience et de celles de ses pères, le chef de famille ouvre la fenêtre, crie trois fois : « Plante-les toi-même ! » Alors tout est fini ; la paroisse est en admiration devant ceux qui ont pu chasser les plante-bornes. C’est comme une consécration de l’antique probité de la famille ; chasser un plante-bornes, c’est plus honorable que faire ses preuves de cent ans de noblesse devant Chérin.

Mais si, se mentant à lui-même, le fils d’un coupable osait prononcer la formule sacramentelle, malheur à lui ! Un homme injuste mourut subitement ; il avait bien souvent dit à son fils, en se raillant des croyances superstitieuses : « Si jamais je reviens vous tourmenter pour le bornage, n’ayez pas peur ; chassez-moi. »

Cependant une vieille femme l’avait ajourné devant ce même fils : « Vous avez planté des arbres sur le champ qui m’appartenait ; vous ne voulez pas vous arranger avec moi pendant que vous êtes vivant : prenez garde, il en coûte aux morts de se lever de leurs tombes ! »

Des semaines, des mois s’écoulèrent, le fils commençait à rire des plante-bornes ; mais un soir, tout le monde l’affirme, la paroisse était en émoi ; on frappa à la porte de sa chaumière. Rien ne bougea à l’intérieur ; alors, ce qui n’était plus jamais arrivé arriva : le plante-bornes appela son fils par son nom. Furieux, celui-ci s’élança vers la fenêtre, l’ouvrit, et aux cris de plante-bornes !… qui se répercutaient dans les montagnes, il répondit effrontément : « Plante-les toi-même ! » puis il voulut refermer le volet ; mais une invisible main le saisit à la gorge, et l’on entendit de très-près crier d’une voix désolée : « Plante-bornes ! plante-bornes ! » L’infortuné, demi-mort de frayeur, refusant encore de croire au surnaturel, essaya de se défendre ; au même instant, sa femme, ses enfants, sa vieille mère le virent disparaître dans l’espace ; puis, la chute d’un corps les fit frisonner ; puis un cri déchirant remplit la contrée ; et le lendemain on trouva le corps de l’esprit fort étendu mort sur le pavé du chemin, les lèvres sanglantes et les mains crispées[1].

Platon, célèbre philosophe grec, né l’an 430 avant JésusChrist. On lui attribue un livre de nécromancie. Il y a vingt-cinq ans qu’on a publié de lui une prophétie contre les francs-maçons ; des doctes l’ont expliquée comme celles de Nostradamus.

Plats. Divination par les plats. Quinte-Curce dit que les prêtres égyptiens mettaient Jupiter Ammon sur une nacelle d’or d’où pendaient des plats d’argent, par le mouvement desquels ils jugeaient de la volonté du dieu, et répondaient à ceux qui les consultaient.

Pline. Les Orientaux en font un géomètre prodigieux ; il est lié, chez eux, à l’histoire d’Alexandre le Grand.

Plogojowits (Pierre), vampire qui répandit la terreur au dernier siècle dans le village de Kisolova en Hongrie, où il était enterré depuis dix semaines.Il apparut la nuit à quelques-uns des habitants pendant leur sommeil et leur serra tellement le gosier qu’en vingt-quatre heures ils en moururent. Il fit périr ainsi neuf personnes, tant vieilles que jeunes, dans l’espace de huit jours. La veuve de Plogojowits déclara elle-même que son mari lui était venu demander ses souliers ; ce qui l’effraya tellement qu’elle quitta le village de Kisolova. Ces circonstances déterminèrent les habitants du village à tirer de terre le corps de Plogojowits et à le brûler pour se délivrer de ses infestations. Ils trouvèrent que son corps n’exhalait aucune mauvaise odeur ; qu’il était entier et comme vivant, à l’exception du nez, qui paraissait flétri ; que ses cheveux et sa barbe avaient poussé, et qu’à la place de ses ongles, qui étaient tombés, il lui en était venu de nouveaux ; que sous la première peau, qui paraissait comme morte et blanchâtre, il en croissait une nouvelle, saine et de couleur naturelle. Ils remarquèrent aussi dans sa bouche du sang tout frais, que le vampire avait certainement sucé aux gens qu’il avait fait mourir. On envoya chercher un pieu pointu, qu’on lui enfonça dans la poitrine, d’où il sortit quantité de sang frais et vermeil, de même que par le nez et par la bouche. Ensuite les paysans mirent le corps sur un bûcher, le réduisirent en cendres[2], et il ne suça plus.

Plotin, philosophe de l’école d’Alexandrie, au troisième siècle. Il se vantait d’avoir un esprit familier de haut rang et de la race des dieux ; ce qui paraît peu dans ses écrits, qui n’ont rien de divin. Il se croyait bien au-dessus de l’humanité, et il eût été flatté d’espérer l’apothéose. Lorsqu’il mourut, à soixante-six ans, il disait : Je m’occupe de réunir le dieu qui est en moi à la divinité qui occupe l’univers. Au même instant on vit un serpent sortir de dessous son lit et s’échapper par un trou qui existait dans la muraille. Les assistants prétendirent que ce serpent était le dieu qui possédait Plotin, ou du moins qui habitait en lui.

Pluies merveilleuses. Le peuple met les

  1. Hermann, Les provinces.
  2. Traité des visions et apparitions, t. II, p. 246.