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de l’or, qui consistait à faire fondre dans un creuset un grain d’une poudre rouge qu’il lui remit, avec quelques onces de litharge. Le prince fit l’opération devant le charlatan, et tira trois onces d’or pour trois grains de cette poudre ; il fut encore plus ravi qu’étonné ; et l’adepte, pour achever de le séduire, lui fit présent de toute sa poudre transmutante. Il y en avait trois cent mille grains. Le prince crut posséder trois cent mille onces d’or. Le philosophe était pressé de partir ; il allait à Venise tenir la grande assemblée des philosophes hermétiques ; il ne lui restait plus rien, mais il ne demandait que vingt mille écus. Le duc de Bouillon les lui donna et le renvoya avec honneur. Comme en arrivant à Sedan le charlatan avait fait acheter toute la litharge qui se trouvait chez les apothicaires de cette ville, et l’avait fait revendre ensuite char-

Le baron de Puimerolles présenté à Charles IX


gée de quelques onces d’or, quand cette litharge fut épuisée, le prince ne fit plus d’or, ne vit plus le rose-croix et en fut pour ses vingt mille eus.

Jérémie Médérus, cité par Delrio[1], raconte un tour absolument semblable qu’un autre adepte joua au marquis Ernest de Bade.

Tous les souverains s’occupaient autrefois de la pierre philosophale ; la fameuse Elisabeth la chercha longtemps. Jean Gauthier, baron de Plumerolles, se vantait de savoir faire de l’or ; Charles IX, trompé par ses promesses, lui fit donner cent vingt mille livres, et l’adepte se mit à l’ouvrage. Mais après avoir travaillé huit jours, il se sauva avec l’argent du monarque. On courut à sa poursuite, on l’attrapa, et il fut pendu : mauvaise fin, même pour un alchimiste !

  1. Disquisit. mag., lib. I, cap. v, quæst. 3.