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faisant voir soixante manuscrits qu’il assurait avoir été composés par l’ordre d’Esdras, et qui ne contenaient que les plus ridicules rêveries cabalistiques. L’obstination qu’il mit à les lire lui fit perdre un temps plus précieux que l’argent qu’il en avait donné et le remplit d’idées chimériques dont il ne fut jamais entièrement désabusé. Il mourut en 1494. On a recueilli de ses ouvrages des Conclusions philosophiques de cabale et de théologie, Rome, Silbert, in-folio extrêmement rare ; c’est là le seul mérite de ce livre. Car, de l’aveu même de Tiraboschi, on ne peut que gémir en le parcourant, de voir qu’un si beau génie, un esprit si étendu et si laborieux, se soit occupé de questions si frivoles. On a dit qu’il avait un démon familier.

Pichacha, nom collectif des esprits follets chez les Indiens.

Picollus, démon révéré par les anciens habitants de la Prusse, qui lui consacraient la tête


d’un homme mort et brûlaient du suif en son honneur. Ce démon se faisait voir aux derniers jours des personnages importants. Si on ne l’apaisait pas, il se présentait une seconde fois ; et lorsqu’on lui donnait la peine de paraître une troisième, on ne pouvait plus l’adoucir que par l’effusion du sang humain.

Lorsque Picollus était content, on l’entendait rire dans son temple ; car il avait un temple.

Pie, oiseau de mauvais augure. En Bretagne, les tailleurs sont les entremetteurs des mariages ; ils se font nommer, dans cette fonction, basvanals ; ces basvanals, pour réussir dans leurs demandes, portent un bas rouge et un bas bleu, et ils rentrent chez eux s’ils voient une pie, qu’ils regardent comme un funeste présage[1].

Plusieurs vieilles sorcières ont eu leur démon familier en forme de pie ou de corbeau. Les pies sont le symbole des caquetages.

M. Berbiguier dit que la pie voleuse, dont on a fait un mélodrame, était un farfadet.


Pied. Les Romains distingués avaient dans leur vestibule un esclave qui avertissait les visiteurs d’entrer du pied droit. On tenait à mauvais augure d’entrer du pied gauche chez les dieux et chez les grands. On entrait du pied gauche lorsqu’on était dans le deuil ou dans le chagrin<ref> M. Nisard, Stace.<ref>. Les anciens avaient pour règle de religion de construire en nombre impair les degrés des temples ; d’où il résultait qu’après les avoir montés, on entrait nécessairement dans l’édifice auquel ces degrés conduisaient parle pied droit ; ce que les païens regardaient comme un point essentiel et d’un augure aussi favorable que le contraire eût été funeste.

Pied fourchu. Le diable a toujours un pied fourchu quand il se montre en forme d’homme.

Pierre à souhaits. Voy. Aselle.

Pierre d’aigle, ainsi nommée parce qu’on a supposé qu’elle se trouvait dans les nids d’aigle. Voy. Aétite, et à leur nom les autres pierres précieuses. Voy. aussi Rugxer et Sakhrat.

Pierre du diable. Il y a dans la vallée de Schellenen, en Suisse, des fragments de rocher de beau granit, qu’on appelle la pierre du diable. Dans un démêlé qu’il y eut entre les gens du pays et le diable, celui-ci les apporta là pour renverser un ouvrage qu’il avait eu, quelque temps auparavant, la complaisance de leur construire.

Pierre philosophale. On regarde la pierre philosophale comme une chimère. Un mépris si mal raisonné, disent les philosophes hermétiques, est un effet du juste jugement de Dieu, qui ne permet pas qu’un secret si précieux soit connu des méchants et des ignorants. La science de la pierre philosophale ou la philosophie hermétique fait partie de la cabale, et ne s’enseigne que de bouche à bouche. — Les alchimistes donnent une foule de noms à la pierre philosophale : c’est la fille du grand secret ; le soleil est son père, la lune est sa mère, le vent Va portée dans son ventre, etc.

Le secret plus ou moins chimérique de faire de l’or a été en vogue parmi les Chinois longtemps avant qu’on n’en eût les premières notions en Europe. Ils parlent dans leurs livres, en termes magiques, de la semence d’or et de la poudre de projection. Ils promettent de tirer de leurs creusets non seulement de l’or, mais encore un

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 47.