Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PHY
PHY
— 532 —

ment, annoncent de la ruse, des aperçus profonds, un esprit d’intrigue et de chicane. Si de pareils yeux ne sont pas accompagnés d’une bouche moqueuse, ils désignent un esprit froid et pénétrant, beaucoup de goût, de l’élégance, de la précision, plus de penchant à l’avarice qu’à la générosité. Des yeux grands, ouverts, d’une clarté transparente, et dont le feu brille avec une mobilité rapide dans les paupières parallèles, peu larges et fortement dessinées, réunissent ces caractères : une pénétration vive, de l’élégance et du goût, un tempérament colère, de l’Orgueil.

Des yeux qui laissent voir la prunelle entière, et sous la prunelle encore plus ou moins de blanc, sont dans un état de tension, qui n’est pas naturel, ou n’appartiennent qu’à des hommes inquiets, passionnés, à moitié fous, jamais à des hommes d’un jugement sain, mûr, précis, et qui méritent confiance. Certains yeux sont très-ou-verts, très-luisants, avec des physionomies fades ; ils annoncent de l’entêtement, de la bêtise unie à des prétentions.

Les gens soupçonneux, emportés, violents, ont souvent les yeux enfoncés dans la tête et la vue longue et étendue. Le fou, l’étourdi, ont

 
Olivier le Daim
Olivier le Daim
Olivier le Daim.
 
souvent les yeux hors de la tête. Le fourbe a, en parlant, les paupières penchée set le regard en dessous. Les gens fins et rusés ont coutume de tenir un œil et quelquefois les deux yeux à demi fermés. C’est un signe de faiblesse. En effet, on voit bien rarement un homme bien énergique qui soit rusé : notre méfiance envers les autres naît du peu de confiance que nous avons en nous.

Les anciens avaient raison d’appeler le nez honestamentum faciei. Un beau nez ne s’associe jamais avec un, visage difforme. On peut être laid et avoir de beaux yeux ; mais un nez régulier exige nécessairement une heureuse analogie des autres traits ; aussi voit-on mille beaux yeux contre un seul nez parfait en beauté, et là où il se trouve, il suppose toujours un caractère distingué : Non cuiquam datum est habere nasum.

Voici, d’après les physionomistes, ce qu’il faut pour la conformation d’un nez parfaitement beau : sa longueur doit être égale à celle du front ; il doit y avoir une légère cavité auprès de sa racine. Vue par-devant, l’épine du nez doit être large et presque parallèle des deux côtés ; mais il faut que cette largeur soit un peu, plus sensible vers le milieu. Le bout ou la pomme du nez ne sera-ni dure ni charnue. De face, il faut que les ailes du nez se présentent distinctement et que les narines se raccourcissent agréablement au-dessous. Dans le profil, le bas du nez n’aura d’étendue qu’un tiers de sa hauteur. Vers le haut, il joindra de près l’arc de l’os de l’œil, et sa largeur, du côté de l’œil, doit être au moins d’un demi-pouce. Un nez qui rassemble toutes ces perfections exprime tout ce qui peut s’exprimer. Cependant nombre de gens du plus grand mérite ont le nez difforme ; mais il faut différencier aussi l’espèce de mérite qui les distingue. Un petit nez, échancré en profil, n’empêche pas d’être honnête et judicieux, mais ne donne point le génie. Des nez qui se courbent au haut de la racine conviennent à des caractères impérieux, appelés à commander, à opérer de grandes choses, fermes dans leurs projets et ardents à les poursuivre. Les nez perpendiculaires (c’est-à-dire qui approchent de cette forme, car, dans toutes ses productions, la nature abhorre les lignes complètement droites), tiennent le milieu entre les nez échancrés et les nez arqués ; ils supposent une âme qui sait agir et souffrir tranquillement et avec énergie. Un nez dont l’épine est large, n’importe qu’il soit droit ou courbé, annonce toujours des facultés supérieures. Mais cette forme est très-rare. La narine petite est le signe certain d’un esprit timide, incapable de hasarder la moindre entreprise. Lorsque les ailes du nez sont bien dégagées, bien mobiles, elles dénotent-une grande délicatesse de sentiment, qui peut dégénérer en sensualité. Où vous ne trouverez pas une petite inclinaison, une espèce d’enfoncement dans le passage du front au nez, à moins que le nez ne soit fortement recourbé, n’espérez pas découvrir le moindre caractère de