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les fleuves suivants : l’Angoisse, l’Ennemi de la Joie, le Séjour de la Mort, la Perdition, le Gouffre, la Tempête, le Tourbillon, le Rugissement, le Hurlement, le Vaste ; celui qui s’appelle le Bruyant coule près des grilles du Séjour de la Mort. Cet enfer est une espèce d’hôtellerie, ou, si l’on veut, une prison dans laquelle sont détenus les hommes lâches ou pacifiques qui ne peuvent défendre les dieux inférieurs en cas d’attaque imprévue. Mais les habitants doivent en sortir au dernier jour pour être condamnés ou absous. C’est une idée très-imparfaite du purgatoire.

Nigromancie, art de connaître les choses cachées dans les endroits noirs, ténébreux, comme les mines, les pétrifications souterraines, etc. Ceux qui faisaient des découvertes de ce genre évoquaient les démons et leur commandaient d’apporter les trésors cachés. La nuit était particulièrement destinée à ces évocations, et c’est aussi durant ce temps que les démons exécutaient les commissions dont ils étaient chargés.

Ninon de Lenclos. On conte qu’elle dut de conserver une certaine beauté, trop vantée, jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, à certain pacte qu’elle fit avec le diable, lequel lui avait apparu, dans un moment de vanité, sous les traits d’un nain vêtu de noir. On ajoute qu’à l’heure de sa mort elle vit aux pieds de son lit le nain qui l’attendait[1].

Nirudy ou Nirondy, roi des démons malfaisants chez les Indiens. On le représente porté sur les épaules d’un géant et tenant un sabre à la main.

Nis et Nisgodreng, lutins danois de l’espèce des Cluricaunes. Voy. ce mot.

Nisses, petites fées en Écosse.

Nitoès, démons ou génies que les habitants des îles Mol uques consultent dans les affaires importantes. On se rassemble, on appelle les démons au son d’un petit tambour, on allume des flambeaux, et l’esprit paraît, ou plutôt un de ses ministres ; on l’invite à boire et à manger, et, sa réponse faite, l’assemblée dévore les restes du festin.

Nixas ou Nicksa, dieu d’une rivière ou de l’Océan, adoré sur les bords de la Baltique, paraît incontestablement avoir tous les attributs de Neptune. Parmi les vents brumeux et les épouvantables tempêtes de ces sombres contrées, ce n’est pas sans raison qu’on l’a choisi comme la puissance la plus contraire à l’homme, et le caractère surnaturel qu’on lui a attribué est parvenu jusqu’à nous sous deux aspects bien différents. La Nixa des Germains est une de ces aimables fées, nommées Naïades par les anciens ; le vieux Nick (le diable en Angleterre) est un véritable descendant du dieu de la mer du Nord, et possède une grande portion de sa puissance. Le matelot anglais, qui semble ne rien craindre, avoue la terreur que lui inspire cet être redoutable, qu’il regarde comme l’auteur des différentes calamités auxquelles sa vie précaire est continuellement en butte.

Noals (Jeanne), sorcière qui fut brûlée par arrêt du parlement de Bordeaux, le 20 mars 1619, pour avoir chevillé le moulin de Las-Coudourleiras, de la paroisse de Végenne. Ayant porté un jour du blé à moudre à ce moulin avec deux autres femmes, le meunier, Jean Destrade, les pria d’attendre que le blé qu’il avait déjà depuis plusieurs jours fût moulu ; mais elles s’en allèrent mécontentes, et aussitôt le moulin se trouva chevillé, de façon que le meunier ni sa femme n’en surent trouver le défaut. Le maître du moulin ayant été appelé, il s’avisa d’y amener ladite sorcière, qui, s’étant mise à genoux sur l’engin avec lequel le meunier avait coutume d’arrêter l’eau, fit en sorte qu’un quart d’heure après le moulin se remit à moudre avec plus de vitesse qu’il n’avait jamais fait[2].

Nodier (Charles), spirituel auteur de Trilby ou le lutin d’Argail (Argyle), et de beaucoup d’écrits charmants où les fées et les follets tiennent poétiquement leur personnage.

Noé. Les Orientaux ont chargé de légendes merveilleuses l’histoire de ce patriarche[3].

Noël (Jacques), prétendu possédé et peut-être obsédé, qui fit quelque bruit en 1667. Il était neveu d’un professeur de philosophie au collège d’Harcourt, à Paris. Il s’imaginait sans cesse voir des spectres. Il était sujet aux convulsions épileptiques, faisait des grimaces, des contorsions, des cris et des mouvements extraordinaires. On le crut démoniaque, on l’examina ; il prétendit qu’on l’avait maléficié, parce qu’il n’avait pas voulu aller au sabbat. Il assura avoir vu le diable plusieurs fois en différentes formes[4]. On finit par découvrir qu’il était fou.

Noh, nom du premier homme selon les Hottentots. Ils prétendent que leurs premiers parents entrèrent dans le pays par une porte ou par une fenêtre ; qu’ils furent envoyés de Dieu même, et qu’ils communiquèrent à leurs enfants l’art de nourrir les bestiaux, avec quantité d’autres connaissances.

Noix. Un grand secret est renfermé dans les noix ; car si on les fait brûler, qu’on les pile et qu’on les mêle avec du vin et de l’huile, elles entretiennent les cheveux et les empêchent de tomber[5].

Nomancie, divination par les noms et par les

  1. Voyez son aventure dans les Légendes infernales.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance de la divination, du sortilège, etc., tr. VI, p. 318.
  3. Voyez ces légendes dans les Légendes de l’Ancien Testament.
  4. Lettres de Saint-André sur la magie, etc.
  5. Albert le Grand, p. 199.