Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/475

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MIN
MIR
— 467 —

Mineurs (Démon). Il y a de malins esprits qui, sous les formes de satyres, de boucs et de chèvres, vont tourmenter les mineurs ; on dit qu’ils apparaissent souvent aux mines métalliques et battent ceux qui tirent les métaux. Cependant ces démons ne sont pas tous mauvais, puisqu’on en cite qui, au contraire, aident les ouvriers. Olaùs Magnus dit que ces derniers se laissent voir sous la forme de nains, grands d’un demi-mètre ; qu’ils aident à scier les pierres, à creuser la terre ; mais que malgré cela ils ont toujours une tendance aux tours malicieux, et que les malheureux mineurs sont souvent victimes de leurs mauvais traitements. Au reste, on a distingué six sortes d’esprits qui fréquentent les mines et sont plus ou moins méchants. Quelques-uns disent qu’ils en ont vu dans les mines d’Allemagne, pays où les démons semblent assez se complaire, et que ces malins esprits ne laissaient aucun repos aux travailleurs, tellement qu’ils étaient contraints d’abandonner le métier. Entre autres exemples qu’ils donnent de la malignité de cette engeance infernale, nous ne signalerons qu’un démon mineur qui tua douze artisans à la fois : ce qui fit délaisser une mine d’argent très-productive[1]. Voy. Anneberg, Montagnards, etc.

Mingrélie. Le christianisme dans ce pays de schisme grec est très-corrompu. On y voit des prêtres baptiser les enfants distingués avec du vin. Lorsqu’un malade demande des secours spirituels, le prêtre ne lui parle pas de confession ; mais il cherche dans un livre la cause de sa maladie et l’attribue à la colère de quelqu’une de. leurs images, qu’il faut apaiser par des offrandes.

Minoson, démon qui fait gagner à toutes sortes de jeux ; il dépend de Baël, l’un des plus puissants chefs de l’enfer[2].

Minuit. C’est à cette heure-là que se fait généralement le sabbat des sorciers, et que les spectres et les démons apparaissent. Cependant le diable n’aime pas uniquement l’heure de minuit, car il peut tenir sabbat à midi, comme l’ont avoué plusieurs sorcières, telles que Jeannette d’Abadie et Catherine Naguille[3].

Mirabel (Honoré), fripon qui fut condamné aux galères perpétuelles, après avoir été appliqué à la question, par arrêt du 18 février 1729. Il avait promis à un de ses amis, nommé Auguier, de lui faire trouver des trésors par le moyen du diable. Il fouilla, après maintes conjurations, dans des ruines près de Marseille, et dit qu’il y avait là un sac de pièces portugaises que lui avait indiqué un spectre. Il tira, en présence de plusieurs personnes et d’un valet nommé Bernard, un paquet enveloppé d’une serviette ; l’ayant emporté chez lui, il le délia et y trouva un peu d’or, qu’il donna à Augier, lui en promettant davantage et le priant de lui prêter quarante francs ; ce qui doit sembler assez singulier. L’ami lui prêta cette somme, lui passa un billet par lequel il reconnaissait lui devoir vingt mille livres, et lui remettait les quarante francs. Le billet fut signé le 27 septembre 1726. Quelque temps après, Mirabel demanda le payement du

billet ; comme on le refusa, parce que le sorcier n’avait donné que des espérances qui ne s’étaient pas réalisées, il eut la hardiesse d’intenter un procès ; mais, en fin de cause, il se vit, comme on l’a dit, condamné aux galères, par messieurs du parlement d’Aix[4].

Mirabilis liber. On attribue la plus grande part de ce livre à saint Césaire. C’est un recueil de prédictions dues à des saints et à des sibylles. Ce qui peut surprendre les esprits forts, c’est que dans l’édition de 1522 on voit annoncés les événements qui ont clos si tragiquement le dernier siècle, l’expulsion et l’abolition de la noblesse, les persécutions contre le clergé, la suppression des couvents, le mariage des prêtres, le pillage des églises, la mort violente du roi et de la reine, etc. On y lit ensuite que l’aigle venant des pays lointains rétablira l’ordre en France[5]

Miracles. Un certain enchanteur abattit une bosse en y passant la main. ; on cria au miracle !… La bosse était une vessie enflée[6]. Tels sont les miracles des charlatans. Mais parce que les charlatans font des tours de passe-passe qui singent les faits surnaturels proprement appelés miracles (et il n’y a de miracles que ceux qui viennent de Dieu), il est absurde de les nier. Nous vivons entourés de miracles qui ne se peu-

  1. Lenglet-Dufresnoy, Recueil de dissertations, t. 1, p. 462.
  2. Clavicules de Salomon, p. 20.
  3. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. II, p. 66.
  4. Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions, p. 445
  5. Mirabilis liber qui prophetias revelationesque, necnon res mirandas, prœteritas, prœsenles et fuluras aperte demonstrat. In-4°. Paris, 1522.
  6. Voyez, dans les Légendes des sept péchés capitaux, la légende de Tachelin.