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jour à l’office, il lui tomba sur la tête une pierre de la voûte qui le tua.

Michel le Bohémien, médecin empirique du seizième siècle, accusé d’avoir eu des relations avec le diable. On le cite souvent sous le nom de Michel Boemius[1].

Midas. Lorsque Midas, qui fut depuis roi de Phrygie, était encore enfant, un jour qu’il dor-


mait dans son berceau, des fourmis emplirent sa bouche de grains de froment. Ses parents voulurent savoir ce que signifiait ce prodige : les devins consultés répondirent que ce prince serait le plus riche des hommes. Ce qui n’a été écrit qu’après qu’il l’était devenu.

Midi. Voy. Démon de midi.

Migalena, sorcière du pays de Labourd, qui fut arrêtée à l’âge de soixante et un ans et traduite devant les tribunaux, en même temps que Bocal, son fils, sorcier du même terroir. Migalena avoua qu’elle avait été au sabbat, qu’elle y avait fait des choses abominables, qu’elle y avait assisté aux mystères en présence de deux cents sorciers. Pressée par son confesseur de prier Dieu, elle ne put réciter une prière couramment : elle commençait le Pater et l’Ave, sans les achever, comme si le diable, qu’elle servait, l’en eût empêchée formellement[2].

Mikado, l’un des deux empereurs du Japon. Il est spécialement chargé du spirituel. Aux yeux de ses sujets, disent les voyageurs, le mikado n’est pas un homme, c’est un dieu ; c’est même bien plus qu’un dieu, car tous les autres dieux de la mythologie japonaise, tous les kamis (ainsi les nomme-t-on) sont d’un rang inférieur au mikado ; ils le craignent, ils lui obéissent, et ils viennent, tous les ans, passer un mois à sa cour. Il est vrai qu’ils ne sont visibles qu’à l’œil du mikado. Pendant ce mois, les temples restent déserts ; les dieux n’y résidant plus, personne ne vient en troubler la solitude.

Le mikado ne touche jamais la terre de son pied sacré ; notre planète est indigne d’un tel honneur. Toujours porté sur les épaules de ses valets, ce monarque ne sort jamais de sa demeure ; nul regard profane ne saurait venir le souiller. Tout ce qui pourrait ressembler à une mutilation de sa personne auguste est défendu ; c’est lorsqu’il dort qu’on lui coupe les cheveux, que l’on rogne ses ongles. Il peut épouser neuf fois neuf femmes, mais habituellement il juge que neuf c’est bien assez pour un dieu japonais. On ne l’approche qu’à genoux, on le consulte sur toutes les affaires importantes, mais on ne lui accorde, après tout, qu’un vain titre et de riches revenus. Sa race est impérissable ; s’il advient cependant qu’il ne devienne point père, le ciel y pourvoit ; on trouve un matin sous un arbre du jardin un bel enfant que des mains surnaturelles y ont déposé durant la nuit : c’est le mikado présomptif. Le mikado actuel est le cent dixseptième de la troisième dynastie, et la première dynastie monta sur le trône, suivant les chronologistes japonais les plus exacts, 836794 ans avant notre ère. C’est une date qu’on peut débattre.

C’est dans le corps du mikado que s’est incarné le dieu Ama-terasu-oo-Kami, l’arbitre souverain des hommes et des choses ; il s’occupe à fixer les jours auxquels doivent se célébrer certaines fêtes mobiles ; il détermine les couleurs propres à effrayer les mauvais esprits ; il passe, chaque vingt-quatre heures, un assez long espace de temps assis sur son trône, dans une immobilité complète. S’il faisait, de droite ou de gauche, * le moindre mouvement, on ne doute point qu’il n’amenât d’affreuses catastrophes sur ce côté réprouvé de l’empire. Lorsqu’il est demeuré ainsi comme pétrifié durant trois heures, il se lève et s’en va. Le reste du temps, la couronne impériale occupe sa place ; elle doit se conformer air même principe d’immobilité absolue durant vingt heures.

Le mikado ne porte jamais deux fois le même vêtement ; tout ce qui a touché sa personne sacrée est brûlé aussitôt qu’il s’en dépouille ; les verres, les plats, les assiettes, qui paraissent sur sa table sont brisés immédiatement après le dessert; nul profane ne pourra s’en servir.

L’empereur temporel s’appelle le Taïcoun.

Milan, oiseau qui a des propriétés admirables. Albert le Grand dit que, si l’on prend sa tête et qu’on la porte devant son estomac, on se fera aimer de tout le monde. Si on l’attache au cou d’une poule, elle courra sans relâche jusqu’à ce qu’elle l’ait déposée ; si on frotte de son sang la crête d’un coq, il ne chantera plus. Il se trouve dans ses rognons une pierre qui, mise dans la casserole où cuit la viande que doivent manger

  1. M. Ch. Babou a donné sur lui des détails curieux dans le Châtiment des pipeurs et charlatans.
  2. Delancre, Tableau de l’inconstance des démons, liv. VI, p. 423.