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terprète des phénomènes électro-magnétiques. D’ailleurs, le tabac, le café, l’émétique, la vaccine et jusqu’aux pommes de terre, n’ont-ils pas éprouvé leur temps de persécution ? L’Académie de médecine ne se constitua-t-elle pas formellement opposée à ce que la chimie, cette corne d’abondance des sociétés modernes, fût enseignée dans Paris, comme étant, pour bonnes causes et considérations, défendue et censurée par arrêt du parlement ? L’établissement des banques, des écoles, des voitures publiques, ne rencontra-t-il pas également une opposition formidable dans ce même parlement ? Jacquart ne vit-il pas brûler en place publique, par ordre des prud’hommes de Lyon, ses métiers, qui devaient faire cependant la prospérité et la fortune de cette seconde capitale de la France ? Franklin ne fut-il pas tourné en ridicule quand il apprit aux campagnards l’art de fertiliser les champs avec du plâtre ? Christophe Colomb ne fut-il pas chassé de toutes les cours quand son génie lui fit apparaître un monde dont il voulait doter sa patrie[1] ?… Pitheas, Wedel, Cook, Billinghausen, Biscoé et autres voyageurs célèbres, ne furent-ils pas taxés d’imposture ? Averrhoès, Volta, Fui Ion, Salomon de Caus, Davy, Arkwright, Gall, Lavater et tous ceux qui se sont présentés, une découverte à la main, à la porte de ce vaste Charenton qu’on appelle le monde, n’ont-ils pas été reçus à coups de sifflets ?…

» Cependant le magnétisme voit aussi son triomphe. Déjà il a détruit les doctrines impies de l’école médicale physiologique de Broussais, qui prétendait ramener aux seuls organes matériels du corps les nobles facultés de l’intelligence ; mission d’autant plus grande que là sont les bases de toute société, la clef de voûte et le ciment de tout édifice social. Le premier et le plus bel apanage du magnétisme est donc de devenir une arme toute-puissante contre les partisans de la matière, une preuve irrésistible, irréfragable, évidente, palpable, de l’existence de l’âme indépendante du secours des sens… »

Sans oser juger ici le magnétisme, et sans pouvoir nier ses effets, qui sont évidents, bornons-nous à dire que le magnétisme existe ; que c’est une nouvelle branche de merveilles plus incompréhensible encore que le galvanisme ; qu’on n’en pourra jamais sans doute établir les éléments, mais qu’on en doit tirer un immense parti en médecine. L’Académie des sciences, qui s’obstinait à le nier lorsqu’elle n’était composée en majorité que de matérialistes, le reconnaît aujourd’hui. Les juges religieux n’ont condamné que ses abus. Voy. Somnambulisme. Voy. aussi Mesmer.

Les plus sûrs ouvrages à consulter pour connaître impartialement le magnétisme sont les livres spéciaux de M. Aubin Gauthier, surtout son Traité pratique du magnétisme, in-8o, Paris, 1845. On peut voir aussi le livre de M. l’abbé Loubers et le remarquable ouvrage de M. de Mirville sur les esprits.

Magoa, l’un des plus puissants démons, roi de l’Orient. On l’évoque par l’oraison suivante prononcée au milieu d’un cercle. Elle peut servir tous les jours et à toute heure, dit un grimoire:« Je te conjure et invoque, ô puissant Magoa, roi de l’Orient; je te fais commandement d’obéir à ce que tu aies à venir ou m’envoyer sans retardement Massayel, Asiel, Satiel, Arduel, Acorib, et sans aucun délai, pour répondre à tout ce que je veux savoir et faire. »

Magog. Schradérus, dans son lexique « Scandinave, fait le géant Magog chef des anciens Scythes, inventeur des runes, espèces d’hiéroglyphes ou caractères dont se sont servis les peuples septentrionaux, et dont l’usage a précédé en Europe celui des lettres grecques. Voy. Og.

Mahomet, imposteur suffisamment connu. On peut voir le plus curieux de ses faits extraordinaires, son voyage au paradis, dans les Légendes de l’autre monde.

Maillat (Louise), petite démoniaque, qui vivait en 1598 ; elle perdit l’usage de ses membres ; on la trouva possédée de cinq démons qui s’appelaient loup, chat, chien, joly, griffon. Deux de ces démons sortirent d’abord par sa bouche en forme de pelotes de la grosseur du poing ; la première rouge comme du feu ; la deuxième, qui était le chat, sortit toute noire ; les autres partirent avec moins de violence. Tous ces démons, étant hors du corps de la jeune personne, firent plusieurs tours devant le foyer et disparurent. On a su que c’était Françoise Secrétain qui avait fait avaler ces diables à cette petite fille dans une croûte de pain de couleur de fumier[2].

Maimon, chef de la neuvième hiérarchie des démons, capitaine de ceux qui sont tentateurs, insidiateurs, dresseurs de pièges, lesquels se tortillent autour de chaque personne pour contrecarrer le bon ange[3].

Main. On s’est moqué avec raison des borborites, secte hérétique des premiers siècles de l’Église, qui avaient des idées absurdes en théologie, et qui disaient que la main est toute la civilisation de l’homme ; que sans la main l’homme ne serait qu’un cheval ou un bœuf ; que l’esprit ne serait bon à rien avec des pieds fourchus ou des mains de corne ou des pattes à longues griffes. Ils faisaient un système d’origines ; ils contaient que l’homme, dans le com-

  1. Cet écrivain, se trompant comme tant d’autres, cite Galilée. Voyez Galilée.
  2. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 162.
  3. Delanere, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. I, p. 22.