Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LÉP
LEU
— 405 —

telligibles se dérangeât, de tirer Frédéric d’embarras, pourvu qu’il y consentît. Il se transporta de suite dans la prison, changea d’habit et de forme, prit celle d’un écolier, avec une nappe autour du cou, et invita Frédéric à entrer dans la nappe, ce qu’il refusa en faisant le signe de la croix. Le diable s’en retourna confus chez Léopold, qui ne le quitta point pour cela ; car pendant la maladie à la suite de laquelle il mourut, s’étant levé un jour sur son séant, il commanda à son magicien, qu’il tenait à gages, d’appeler le diable, lequel se montra sous la forme d’un homme noir et hideux ; Léopold ne l’eut pas plutôt vu qu’il dit : C’est assez ; et il demanda qu’on le recouchât dans son lit, où il trépassa[1]

Lépapa, rocher mystique. Voy. Eatuas.

Lépréchan. C’est le nom qu’on donne au cluricaune dans quelques comtés de l’Irlande. Voyez Cluricaune.

Leriche (M. l’abbé), prêtre du diocèse de Poitiers, auteur d’un savant livre intitulé Études sur les possessions en général et sur la possession de Loudun en particulier, précédées d’une lettre du P. Ventura. 1 vol. in-12, 1859. Dans cet ouvrage, parfaitement écrit et solidement appuyé de preuves, l’auteur a mis au néant tous les mensonges du calviniste Saint-Aubin.

Leroux de Lincy, auteur vivant de travaux curieux intitulés Le Livre des légendes, 1836.

Lesage. Voy. Luxembourg.

Lescorière (Marie), vieille sorcière arrêtée au seizième siècle à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Elle répondit dans son interrogatoire qu’elle passait pour sorcière sans l’être ; qu’elle croyait en Dieu, l’avait prié journellement, et avait quitté le diable depuis longtemps ; qu’il y avait quarante ans qu’elle n’avait été au sabbat. Interrogée sur le sabbat, elle dit qu’elle avait vu le diable en forme d’homme et de bouc, qu’elle lui avait cédé les galons dont elle liait ses cheveux, que le diable les lui avait payés un écu qu’elle avait mis dans sa bourse ; qu’il lui avait surtout recommandé de ne pas prier Dieu, de nuire aux gens de bien, et qu’il lui avait remis pour cela de la poudre dans une boîte ; qu’il était venu la trouver en forme de chat, et que, parce qu’elle avait cessé d’aller au sabbat, il l’avait meurtrie à coups de pierres ; que quand elle appelait le diable, il venait à elle en figure de chien pendant le jour et en figure de chat pendant la nuit ; qu’une fois elle l’avait prié de faire mourir une voisine, ce qu’il avait fait ; qu’une autre fois, passant par un village, les chiens l’avaient suivie et mordue ; que dans l’instant elle avait appelé le diable, qui les avait tués. Elle dit aussi qu’il ne se faisait autre chose au sabbat sinon honneur au diable, qui promettait ce qu’on lui demandait ; qu’on lui faisait offrande en le baisant au derrière ayant chacun une chandelle à la main[2].

Lescot, devin de Parme, qui disait indifféremment à tout homme qui en voulait faire l’essai : a Pensez ce que vous voudrez, et je devinerai ce que vous pensez, » parce qu’il était servi par un démon[3].

Lespèce, Italien qui fut avalé pendant le séjour de la flotte française au port de Zante, sous le règne de Louis XII. Il était dans le brigantin de François de Grammont. Un jour, après avoir bien bu, il se mit à jouer aux dés et perdit tout son argent. Il maugréa Dieu, les saints, la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, et invoqua le diable à son aide. La nuit venue, comme l’impie commençait à ronfler, un gros et horrible monstre, aux yeux étincelants, approcha du brigantin. Quelques matelots prirent cette bête pour un monstre marin et voulurent l’éloigner ; mais elle aborda le navire et alla droit à l’hérétique, qui fuyait de tous côtés. Dans sa fuite, il trébucha et tomba dans la gueule de cet horrible serpent[4].

Léthé, fleuve qui arrosait une partie du Tartare et allait jusqu’à l’Élisée. Ses ondes faisaient oublier aux ombres, forcées d’en boire, les plaisirs et les peines de la vie qu’elles avaient quittée. On surnommait le Léthé le fleuve d’Huile, parce que son cours était paisible, et par la même raison Lucain l’appelle deus tacitus, dieu silencieux, car il ne faisait entendre aucun murmure. Les âmes des méchants, après avoir expié leurs | crimes par de longs tourments, venaient aux bords du Léthé perdre le souvenir de leurs maux et puiser une nouvelle vie. Sur ses rives, comme sur celles du Cocyte, on voyait une porte qui communiquait au Tartare[5].

Lettres de l’alphabet. Leur mystère. Voyez Marc l’hérétique.

Lettres infernales, ou Lettres des campagnes, publiées en 1734. Ce n’est qu’une satire contre les fermiers généraux.

Lettres sur les diverses apparitions d’un bénédictin de Toulouse, in-4o, 1679. Ces apparitions étaient, dit-on, des supercheries de quelques novices de la congrégation de Saint-Maur, qui voulaient tromper leurs supérieurs. On les fit sortir de l’ordre.

Leuce-Carin, hérétique du second siècle, auteur apocryphe d’un livre intitulé Voyages des apôtres. Il y conte des absurdités.

Leucophylle, plante fabuleuse qui, selon les anciens, croissait dans le Phase, fleuve de la

  1. Leloyer, Histoire des spectres, p. 304.
  2. Discours des sortilèges et vènéfices, tirés des procès criminels.
  3. Delancre, Incrédulité et mécréance de la divination, du sortilège, p. 304.
  4. D’Auton, Histoire de Louis XII, cité par M. Jules Garinet, dans son Histoire de la Magie en France.
  5. Delandine, l’Enfer des anciens, p. 281,