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jetés dans le feu. Enfin il y a des sorcières qui ensorcèlent les esclaves, persuadent aux maîtres que si l’esclave ensorcelé venait à déserter, il s’égarerait indubitablement dans sa fuite et retomberait dans les mains de son maître ; que s’il s’échappait, il rentrerait au moins dans l’esclavage du même peuple.

Pallas rapporte, d’après le récit même qu’il en a entendu faire par les Kirghis, un fait assez ingénieusement inventé : Un parti de Kirghis se mit un jour en campagne avec un des devins de la seconde classe pour attaquer les Kalmouks ; ceux-ci avaient également un devin qui, employant toute sa science, avertit ses compatriotes de l’arrivée des Kirghis, et les engagea à s’éloigner à mesure que ceux-ci avançaient. Le devin kirghis, voyant que son frère le Kalmouk allait faire échouer l’entreprise, employa la ruse ; il dit aux Kirghis de seller leurs chevaux à reculons et de monter dessus. Le Kalmouk, ainsi induit en erreur, vit sur son os que les Kirghis rétrogradaient ; il conseilla donc à son parti de revenir sur ses pas. Les Kirghis joignirent par ce moyen les Kalmouks et les firent prisonniers[1].

 
Kerikoff, démon des lacs. — Page 389.
Kerikoff, démon des lacs. — Page 389.
 

Kisilova (le vampire de). Le marquis d’Argens, qui n’était pas un homme crédule, raconte, dans sa cent trente-septième lettre juive, une histoire de vampire qui eut lieu au village de Kisilova, à trois lieues de Gradisch. Ce qui doit le plus étonner dans ce récit, c’est que d’Argens, alors incrédule, ne met pas en doute cette aventure :

On vient d’avoir en Hongrie, dit-il, une scène de vampirisme qui est dûment attestée par deux officiers du tribunal de Belgrade, lesquels ont fait une descente sur les lieux, et par un officier des troupes de l’empereur, à Gradisch : celui-ci a été témoin oculaire des procédures. Au commencement de septembre mourut, dans le village de Kisilova, un vieillard âgé de soixante-deux ans. Trois jours après qu’il fut enterré, il apparut à son fils pendant la nuit et lui demanda à manger. Celui-ci l’ayant satisfait, le spectre mangea ; après quoi il disparut. Le lendemain, le fils raconta à ses voisins ce qui lui était arrivé. Le fantôme ne se montra pas ce jour-là ; mais trois nuits après, il revint demander encore à souper. On ne sait pas si son fils lui obéit encore ou non ; mais on le trouva le lendemain mort dans son lit. Le même jour, cinq ou six personnes tombèrent subitement malades dans le village, et

  1. La Russie pittoresque.