Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
JEA
JEA
— 373 —

les fantômes, lorsqu’on en brûlait dans une maison ; la quatrième, de préserver de maladies épidémiques les appartements qui en étaient parfumés. La plupart de ces idées superstitieuses subsistent encore.

Jean (Évangile de saint). Voy. Bibliomancie.

Jean, magicien sectateur d’Apollonius de Tyane. Il courait de ville en ville, faisant le métier de charlatan, et portait une chaîne de fer au cou. Après avoir séjourné quelque temps à Lyon, il acquit une si grande célébrité par ses cures merveilleuses, que le souverain du pays l’admit en sa présence. Jean donna à ce prince une superbe épée enchantée ; elle s’entourait merveilleusement, dans le combat, de cent quatre-vingts couteaux tirés. Il lui donna aussi un bouclier portant un miroir, qu’il disait avoir la vertu de divulguer les plus grands secrets. Ces armes disparurent un jour ou furent volées ; sur quoi Delancre conclut[1] que si les rois de France dressaient, comme les ducs d’Italie, des arsenaux de vieilleries (ce qu’ils font à présent), on y trouverait de ces armes enchantées et fabriquées par quelque magicien ou sorcier.

Jean, patriarche schismatique de Constantinople. Zonaras conte que l’empereur grec Théophile, se voyant obligé de mettre à la raison une province révoltée sous la conduite de trois capitaines, consulta le patriarche Jean, habile enchanteur. Celui-ci fit faire trois gros marteaux d’airain, les mit entre les mains de trois hommes robustes, et conduisit ces hommes au milieu du cirque, devant une statue de bronze à trois têtes. Ils abattirent deux de ces têtes avec leurs marteaux, et firent pencher le cou à la troisième sans l’abattre. Peu après, une bataille se donna entre Théophile et les rebelles : deux des capitaines furent tués, le troisième fut blessé et mis hors de combat, et tout rentra dans l’ordre.

Jean XXII, pape, mort en 1334, après un pontificat de dix-huit ans. On lui attribue les Taxes de la chambre apostolique, traduites en français sous le titre de Taxes des parties casuelles de la boutique du pape. Ce texte, presque partout, est une supposition d’un protestant faussaire. On donne encore à Jean XXII l’Élixir des philosophes ou l’Art transmutatoire des métaux, livre qu’il n’a pas fait. Ce livre a été traduit du latin en français ; in-12, Lyon, 1557.

On dit enfin que Jean XXII ou Jean XXI s’occupait d’astrologie et s’amusait à supputer les changements de temps. On a fait là-dessus de petits contes assez dépourvus de sel.

Jean ou Iwan Basilowitz, grand-duc de Moscovie, au quatorzième siècle, tyran cruel. À l’article de la mort, il tomba, dit-on, dans des pâmoisons terribles, et son âme fit de pénibles voyages. Dans le premier, il fut tourmenté en un lieu obscur, pour avoir tenu au cachot des prisonniers innocents ; dans la seconde excursion, il fut encore plus tourmenté pour avoir accablé le peuple d’impôts ; et son successeur Théodore eut soin de l’en décharger en partie. Iwan mourut à son troisième voyage ; son corps jeta une puanteur si infecte qu’on ne pouvait l’approcher ; ce qui fit penser que son âme avait été emportée par le diable ; d’autant plus que son cadavre avait disparu, quand vint le jour fixé pour l’enterrement[2].

Jean-Baptiste. Il y a des paysans qui croient, on ne sait sur quelle autorité, que saint Jean-Baptiste est né dans un chameau…

Jean d’Arras, écrivain français du quatorzième siècle, qui compila le roman de Mélusine. Voy. ce mot.

Jean d’Estampes. D’anciennes chroniques rapportent que Jean d’Estampes, l’un des gardes de Charlemagne, mourut en 1139, après avoir vécu 336 ans ; mais d’autres disent qu’il ne vécut, que 250 ans : malheureusement son secret de longévité n’est connu de personne[3].

Jean de Leyde ou Jean Bockelson, chef des anabaptistes de Münster, qu’il constitua en répu-

 
Johan Bockelson
Johan Bockelson
Johan Bockelsohn konig
der wiedertauffer zu munster
in westphalen
 
blique communiste et sociale ; il s’y posa en inspiré, fit une constitution ébouriffante et une religion spéciale. Il était tailleur à Leyde ; il se proclama roi à Münster, prit la couronne et battit monnaie. Il disait qu’il ramenait le règne de Salomon. Dans sa liturgie commode, on dansait, puis on communiait en plein air avec des gâteaux et du vin ; le gâteau et la coupe étaient présentés aux hommes par des femmes et aux femmes par des hommes. Devenu roi, Jean, que possédaient évidemment plusieurs démons dont il servait les désirs, épousa seize femmes qu’il appela toutes reines ; il tua en même temps tous ceux qui lui
  1. Tableau de l’inconstance des démons, etc., liv. V, p. 343.
  2. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV, p. 301.
  3. Legall, Calend. véritab., p. 140.