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a pu lire il y a peu de temps dans tous les journaux (1847) : « La grande procession de Jag-ghernat, qui a lieu tous les ans dans l’Inde, a été inaugurée le 5 août dernier par le renouvellement de ces sacrifices volontaires qu’inspire le fanatisme, et auxquels les Anglais se vantaient d’avoir mis fin. Cinq dévots exaltés se postèrent auprès de la pagode de Bali, sans donner le moindre soupçon de leur projet aux agents de l’autorité, et, au moment où le char gigantesque de l’idole venait de sortir, ils se précipitèrent sous les roues, en invoquant Visshnou, et restèrent littéralement broyés sur la place. À la vue d’une ferveur si ardente, l’enthousiasme de la multitude fut excité à tel point que, sans l’intervention de la force armée, le char sacré eût écrasé une centaine de victimes dans son parcours. Le moyen qui a le mieux réussi à contenir les dévots, ç’a été la menace de supprimer la procession pour toujours, si de nouveaux suicides venaient ensanglanter la fête. »

Jakises, esprits malins répandus dans l’air chez les Japonais. On célèbre des fêtes pour obtenir leurs bonnes grâces.

Jaldabaoth, une des déités des Ophites. Ce personnage avait pour mère Sophie ou la Sagesse et pour père le Chaos.

Jamambuxes ou Jammabos, espèce de fanatiques japonais du genre des fakirs. Ils errent dans les campagnes et prétendent converser familièrement avec le diable. Quand ils vont aux enterrements, ils enlèvent, dit-on, le corps, sans qu’on s’en aperçoive, et ressuscitent le mort. Après s’être meurtris de coups de bâton pendant trois mois, ils entrent en nombre dans une barque, s’avancent en pleine mer, font un trou à la barque et se noient en l’honneur de leurs dieux.

Cette sorte de fakirs fait sa profession, à ce qu’on assure, entre les mains du diable même, qui se montre à eux sous une forme terrible. Ils découvrent les objets perdus ou dérobés ; pour cela, ils font asseoir un petit garçon à terre, les deux pieds croisés ; ensuite ils conjurent le diable d’entrer dans le corps du jeune homme, qui écume, tourne les yeux, et fait des contorsions effrayantes. Le jamambuxe, après l’avoir laissé se débattre, lui recommande de s’arrêter et de dire où est ce qu’on cherche ; le jeune homme obéit : il prononce d’une voix enrouée le nom du voleur, le lieu où il a mis l’objet volé, le temps où il l’a pris, et la manière dont on peut le faire rendre. Voy. Goö.

Jamblique, philosophe platonicien du quatrième siècle, né en Syrie sous le règne de Constantin le Grand. Il fut disciple d’Anatole et de Porphyre. Il admettait l’existence d’une classe de démons ou esprits d’un ordre inférieur, médiateurs entre Dieu et les hommes. Il s’occupait des divinations, et on a vu, à l’article Alectryomancie, que c’est lui qui prédit par cette divination l’avé-nement au trône de Théodose. On ignore où, quand et comment il mourut ; mais Bodin assure qu’il s’empoisonna lui-même pour éviter le supplice que Valens réservait aux magiciens. On conte qu’étant un jour dans la ville de Gadare en Syrie, pour faire voir sa science magique, il fit sortir en présence du peuple deux génies ou démons d’une fontaine ; il les nommait Amour et Contre-Amour[1] ; l’Amour avait les cheveux dorés, tressés et flottants sur les épaules ; ils paraissaient éclatants comme les rayons du soleil ; l’autre était moins brillant ; ce qui attira l’admiration de toute la populace. Leloyer dit[2] encore que c’est Jamblique et Maximus qui ont perdu Julien l’Apostat. — On recherche de Jamblique le traité des Mystères des Egyptiens, des Chaldéens et des Assyriens[3]. Il s’y montre crédule pour toutes les rêveries des astrologues.

Jamma-Loka, enfer indien d’où, après un certain temps de peines et de souffrances, les âmes reviennent en ce monde pour y animer le premier corps où elles peuvent entrer.

 
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
Jannès et Mambrès faisaient paraître des grenouilles, des serpents…
 

Jannès et Mambrès, magiciens d’Égypte, les plus anciens que les saints livres nous fassent connaître par leur nom, après Cham. Ils faisaient apparaître des grenouilles, des serpents ; ils changeaient l’eau du Nil en sang, et tâchaient d’anéan-

  1. Eros et Antéros.
  2. Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV, p. 312.
  3. Jamblicus, De mysteriis Ægyptiorum, Chaldæorum, Assyriorum, avec d’autres opuscules. In-16, 1607.