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ou de cristal ; puis on y jetait une goutte d’huile, et l’on s’imaginait ; voir dans cette eau, comme dans un miroir, ce dont on désirait d’être instruit ; 9o les femmes des Germains pratiquaient une neuvième sorte d’hydromancie, en examinant, pour y deviner l’avenir, les tours et détours et le bruit que faisaient, les eaux des fleuves dans les gouffres ou tourbillons qu’ils formaient. ; 10° enfin, on peut rapporter à l’hydromancie une superstition qui a longtemps été en usage en Italie. Lorsqu’on soupçonnait des personnes d’un vol, on écrivait leurs noms sur autant de petits cailloux qu’on jetait dans l’eau. Le nom du voleur ne s’effaçait pas. Voy. Oomancie, Cagliostro, etc.

Hyène. Les Égyptiens croyaient que la hyène changeait de sexe chaque année. On donnait le nom de pierres de la hyène à des pierres qui, au rapport de Pline, se trouvent dans le corps de la hyène, lesquelles, placées sous la langue, attribuaient à celui qui les portait le don de prédire l’avenir.

Hyméra. — Une femme de Syracuse, nommée Hyméra, eut un songe, pendant lequel elle crut monter au ciel, conduite par un jeune homme qu’elle ne connaissait point. Après qu’elle eut vu tous les dieux et admiré les beautés de leur séjour, elle aperçut, attaché avec des chaînes de fer, sous le trône de Jupiter, un homme robuste, d’un teint roux, le visage tacheté de lentilles. Elle demanda à son guide quel était cet homme ainsi enchaîné ? Il lui fut répondu que c’était le mauvais destin de l’Italie et de la Sicile, et que, lorsqu’il serait délivré de ses fers, il causerait de grands maux. Hyméra s’éveilla là-dessus, et le lendemain elle divulgua son rêve.

Quelque temps après, quand Denys le Tyran se fut emparé du trône de la Sicile, Hyméra le vit entrer à Syracuse, et s’écria que c’était l’homme qu’elle avait remarqué si bien enchaîné dans le ciel. Le tyran ayant appris cette singulière circonstance, fit mourir la songeuse[1].

Hynerfanger (Isaac), juif cabaliste du treizième siècle, qui fut considéré comme un puissant magicien.

Hypnotisme. C’est le nom qu’on a donné à un procédé du docteur Braid (Anglais), lequel consiste, au moyen du sommeil nerveux ou magnétique, à produire un état de catalepsie artificielle, et permet ainsi de faire des opérations chirurgicales sans douleur actuelle. On pourrait expliquer par là quelques faits de sorcellerie.



I

Ialysiens, peuple dont parle Ovide, et dont les regards avaient la vertu magique de gâter tout ce qu’ils fixaient. Jupiter les changea en rochers et les exposa aux fureurs des flots.

Iamen, dieu de la mort chez les Indiens.

Ibis, oiseau d’Égypte, qui ressemble à la cigogne, sauf le bec qui est un peu courbe. Quand

 
Ibis
Ibis
 
il met sa tête et son cou sous ses ailes, dit Élien, sa figure est à peu près celle du cœur humain. On dit que cet oiseau a introduit l’usage des lavements, honneur qui est réclamé aussi par les cigognes. Les Égyptiens autrefois lui rendaient les honneurs divins, et il y avait peine de mort pour ceux qui tuaient un ibis, même par mégarde. De nos jours, les Égyptiens regardent encore comme sacrilège celui qui lue l’ibis blanc, dont la présence bénit, disent-ils, les travaux champêtres, et qu’ils révèrent comme un symbole d’innocence.

Iblis, le même qu’Éblis. Voy. Ce mot.

Ichneumon, rat du Nil, auquel les Égyptiens rendaient un culte particulier ; il avait ses prêtres et ses autels. Buffon dit qu’il vit dans l’état de domesticité, et qu’il sert comme les chats à prendre les souris. Il est plus fort que le chat, s’accommode de tout, chasse aux oiseaux, aux quadrupèdes, aux serpents et aux lézards. Pline conte qu’il fait la guerre au crocodile, qu’il l’épie pendant son sommeil, et que, si ce vaste reptile est assez imprudent pour dormir la gueule ouverte, l’ichneumon s’introduit dans son estomac et lui ronge les entrailles. M. Denon assure que c’est une fable. Ces deux animaux n’ont jamais rien à démêler ensemble, ajoute-t-il, puisqu’ils n’habitent pas les mêmes parages. On ne voit pas de crocodiles dans la basse Égypte : on ne voit pas non plus d’ichneumons dans la haute[2].

  1. Valère-Maxime.
  2. M. Salgues, Des erreurs, etc., t. III, p. 361.